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Le Fyre festival ou l’histoire d’un fiasco

Le 18 janvier dernier, Netflix sortait sur sa plateforme le documentaire très attendu « FYRE : Le meilleur festival qui n’a jamais eu lieu ». L’occasion de découvrir comment deux protagonistes (Billy McFarland, entrepreneur américain et le rappeur Ja Rule) ont fait rêver le monde entier avec un festival monté de toutes pièces sur les réseaux sociaux. Mais dont la concrétisation fera d’eux la risée d’Hollywood…

Ce documentaire permet de suivre de A à Z le processus de création du festival, jusqu’à la mise à jour du fiasco. Constitué de nombreux témoignages d’anciens employés de la société, il intègre également des séquences tournées par les deux protagonistes tout au long de cette aventure… Un cadre idyllique, une campagne de communication efficace et un budget soi-disant important, le combo était parfait pour cet événement… dont la mise en œuvre va se révéler plus que catastrophique.

Tout avait pourtant bien commencé pour Billy McFarland. En 2013, ce jeune entrepreneur crée la société Magnises dans laquelle est proposé un service de carte de crédit premium, qui permet d’avoir accès à un club et des services pour privilégiés (plus particulièrement les « millenials »). Le succès est alors à son comble et les investisseurs ne cessent de croire en Billy.

L’aventure de trop

C’est en 2016 que débute pour lui une nouvelle aventure, mais sans doute celle de trop… Billy décide avec son acolyte Ja Rule de créer la société Fyre Media. Celle-ci permet à des particuliers de « booker » contre rémunération des stars pour des soirées. Une idée plutôt intéressante, qui aurait réellement pu avoir du succès grâce au travail acharné d’une équipe qui a tout fait pour y parvenir, comme on le voit dans le reportage.

Mais comment faire entrer sur le marché cette application ? Comment la promouvoir et en faire parler ? C’est à partir de ces interrogations que nos deux protagonistes font naître l’idée suivante : organiser un festival afin de promouvoir leur application : ce sera le Fyre Festival.

Rêve et réseaux sociaux

Fin 2016, Fyre Media commence à communiquer sur l’événement. La société réalise alors une vidéo promotionnelle dans laquelle se mélange plage paradisiaque, mises en scène idylliques et influenceuses mondialement connues comme Bella Hadid, Hailey Baldwin Bieber ou encore Emily Ratajkowski. Une vidéo qui vend du rêve et fait du buzz : en 48 heures, le festival est complet. Et ce n’est que le début.

En effet, ces mêmes célébrités postent sur leur compte Instagram de superbes photos de leur séjour aux Bahamas, suivi d’un carré orange énigmatique avec le lien du site de l’évènement et le hashtag #FyreFestival. De plus, la société mobilise une équipe entière sur les réseaux sociaux. Le site Internet du festival arbore un design moderne dans lequel on retrouve les photos des différents mannequins. Y sont également proposées des offres alléchantes comme la location de logements luxueux pendant toute la durée du festival (logements aménagés par des décorateurs d’intérieurs) et il est même possible de rencontrer les influenceurs sur place.

Sur la page Instagram, le décompte est lancé et les photos postées sont toutes plus incroyables les unes que les autres. Bien loin de l’envers du décor…

Un fiasco total assuré

Prévu fin avril 2017 (4 mois après l’annonce vidéo), le Fyre Festival prévoyait une expérience unique sur une île privée des Bahamas. Concerts de folie, hébergements luxueux, activités exceptionnelles sur des yachts et des plages sublimes… l’événement était bien parti pour faire de l’ombre à son concurrent direct : Coachella. Mais tout ne se passe pas comme prévu.

Ce documentaire révèle alors toute la supercherie qui se cache derrière l’organisation du festival. D’abord, des problèmes de logistique. Deux mois avant le début du festival, toute l’équipe apprend qu’il faut changer de lieu pour l’événement. En effet, la fameuse île paradisiaque achetée par Billy ne lui appartient pas et il faut changer d’île. Pire, 45 jours avant l’arrivée des festivaliers, le chantier sur le nouveau site n’a toujours pas débuté…

Il y a aussi des problèmes sociaux. Billy McFarland traite ses employés avec une telle dureté qu’aucun d’entre eux n’ose alerter Billy de l’infaisabilité du Fyre Festival. Pas question de prendre le risque de dire adieu à son emploi… Comble de la soumission : un employé s’est même dit prêt à se prostituer auprès d’un douanier pour le convaincre d’acheminer des bouteilles d’eau potable sur place…

Mensonges en cascade

Le fond du problème ? Le mensonge. Celui de Billy aux investisseurs sur le montant réel du festival. Le mensonge aux festivaliers qui s’attendaient à un événement incroyable et qui se sont retrouvés le Jour J à dormir dans des tentes humanitaires et manger des plats de piètre qualité, quand ils n’étaient pas tout bonnement coincés dans l’aéroport faute d’accès au site. Et enfin, le mensonge à lui-même. Billy est aujourd’hui considéré comme un escroc qui a menti pour faire fortune. Mais en se mentant à lui-même sur l’infaisabilité du Fyre festival, il a finalement tout perdu.

S’il y a bien quelque chose à retenir de cette histoire, c’est qu’un festival d’une telle ampleur ne peut pas se monter sur un mensonge véhiculé grâce à la puissance des réseaux sociaux. Si Billy a su les utiliser pour duper stars et festivaliers, la supercherie n’a pas résisté à l’épreuve de la réalité. Monter un tel événement nécessite du temps, de l’argent, de la logistique. Et surtout vérité et humilité.