Les « fake news » : de fausses informations aux réelles conséquences
Les « fake news » constituent un véritable enjeu pour les médias et ce n’est pas Vanessa Burggraf qui le démentira. La journaliste de l’émission On n’est pas couché sur France 2 est devenue la risée des réseaux sociaux depuis son interview de Najat Vallaud Belkacem, où elle a utilisé à son insu une « fake news » pour tenter de déstabiliser l’ancienne ministre de l’Eduction Nationale.
Pour combattre ce fléau et éviter la pollution de l’information, la riposte s’organise chez les acteurs de la presse.
Les fausses informations ont toujours existé. Mais les réseaux sociaux ont accéléré leur propagation, renforçant leur caractère nuisible. L’apparition de sites d’informations parodiques tels que les célèbres Le Gorafi et Nordpresse n’a pas arrangé les choses, ces « fakes news » étant parfois perçues comme vraies. Avant Vanessa Burggraf, le journal algérien El Hayat avait repris à son compte une information du Gorafi déclarant que Marine Le Pen souhaitait bâtir un mur entre la France et l’Algérie. Ce qui était totalement faux.
Bâtir un mur pour séparer des pays ? Le Gorafi s’est ici directement inspiré d’un fait réel : la construction d’un mur entre les Etats-Unis et le Mexique, mesure phare du candidat devenu président, Donald Trump. Une question se pose d’ailleurs à son sujet : Aurait-il été élu sans l’existence des « fake news » ?
Influence sur le vote ?
Cette interrogation a été posée par de nombreux organes de presse parmi lesquels le quotidien britannique The Independent. Le journal cite la commission chargée d’enquêter sur d’éventuelles interférences de la Russie dans l’élection présidentielle américaine et son constat est sans appel. La Russie aurait utilisé environ un millier de personnes afin de créer des news défavorables à Hillary Clinton dans les fameux « Swing States », ces états capables de faire basculer l’élection présidentielle en faveur d’un candidat.
Les « fake news » ont donc un pouvoir de nuisance susceptible de faire basculer le destin d’une élection démocratique. C’est l’une des raisons pour lesquelles plusieurs acteurs de l’information se sont organisés afin de les combattre. Facebook a par exemple annoncé la création d’un fonds de recherche doté de 14 millions de dollars. Le réseau social fondé par Mark Zuckerberg va également proposer à ses utilisateurs de signaler des articles qu’ils pensent mensongers.
Vérificateurs d’information
Ces articles signalés par Facebook seront alors envoyés pour vérification (et éventuel démenti) à 8 médias français, parmi lesquels figurent BFM TV, Libération ou encore Le Monde, qui dispose lui-même de son propre outil de vérification d’information : Le Decodex. Lancé le 1er février dernier, il permet notamment d’utiliser un moteur de recherche pour vérifier la fiabilité d’un site. Le but ? Eviter la confusion des sources, et proposer des outils pertinents afin de guider le lecteur pour lui éviter de se faire berner.
Le CNRS a également apporté sa pierre à l’édifice avec son Politoscope, présenté à la presse le lundi 3 avril. Il s’agit d’un dispositif d’analyse des communautés politiques et de la circulation de l’information sur Twitter. Ce dispositif est censé donner du sens à l’immense masse de données générées sur ce réseau social.
La lutte contre les « fake news » devient donc une vraie priorité des médias, confrontés à un flux massif de contenus émanant de toutes parts. Elle rend plus que jamais nécessaire le retour aux fondamentaux du métier de journalisme consistant à vérifier, trier et hiérarchiser l’information.
Source « Les Décodeurs », Le Monde
Pour aller plus loin :
Ces chercheurs ont analysé l’impact des « fake news » sur l’élection de Donald Trump
Huit médias français s’allient à Facebook contre les « fake news »