Réseaux Sociaux

Le repost : entre activisme et slacktivisme

À l’ère des réseaux sociaux, le repost est devenu un geste militant aussi simple que controversé. Mais à quel point le repost incarne-t-il un véritable engagement ? Dans quelle mesure transforme-t-il la communication militante en outil performatif ?

En 2020 le mouvement Blackout Tuesday a démontré que le repost a redéfini les règles de la mobilisation grâce à la viralité des plateformes comme Instagram et TikTok. Des millions d’utilisateurs ont posté des carrés noirs pour soutenir Black Lives Matter

En quelques clics, une cause peut émerger de l’ombre pour occuper le devant de la scène numérique. Chaque partage élargit l’audience et multiplie les opportunités d’influencer. Cependant, cette viralité peut masquer des limites. Dans certains cas, l’absence d’appels à l’action concrets réduit l’impact à un simple symbole, suite tangible. 

crédit: screenschot twitter

Prendre la parole ou rester silencieux devient un acte lourd de sens, dans un espace digital saturé de polarisation, comme avec le conflit israélo-palestinien. Chaque publication ou absence de publication peut être interprétée. 

Par exemple, Selena Gomez a été critiquée tantôt pour son silence perçu comme de l’indifférence, tantôt pour ses prises de parole jugées insuffisantes ou maladroites. Les pressions exercées sur les personnalités peuvent à la fois les pousser à revendiquer des causes qu’elles n’incarnent pas véritablement et s’apparentent à un jugement permanent sur la place publique.

 Entre communication sincère et performative

Dans le domaine des médias, le repost pose une question cruciale : soutien sincère ou quête d’approbation sociale ?

Partager un contenu militant peut relever davantage d’une volonté de montrer que l’on “agit” que d’un engagement réel. Cette performativité, combinée à la nature éphémère des tendances, réduit parfois des problématiques complexes à des symboles simplifiés

All eyes on Rafah, image massivement partagée sur les réseaux sociaux après l'offensive israélienne sur Rafah en 2024.

Le repost, une opportunité pour les marques et les militants

Malgré ses limites, le repost reste une opportunité unique pour mobiliser à grande échelle. Les marques et ONG en font un outil clé pour amplifier leurs campagnes.

Cependant, cette pratique révèle une tendance à privilégier la visibilité immédiate, souvent au détriment d’une participation active. La viralité repose sur des mécanismes émotionnels, comme l’indignation ou l’espoir, qui incitent au clic mais ne garantissent pas une implication durable. Cela souligne l’importance croissante des narratifs percutants et des formats visuels attrayants pour capter l’attention dans un environnement saturé d’informations.

Au-delà du clic : transformer l’intention en action

Pour dépasser les critiques du slacktivisme – littéralement « activisme paresseux » – certain acteur on réussie à le faire s’inscrire dans une stratégie plus global pour inciter les audiences à agir. Les réseaux sociaux sont alors utiliser comme des tremplins vers des initiatives concrètes : dons, manifestations, discussions ou engagement politique. C’est ce qu’a fait Greta Thunberg avec Fridays For Futur.

Photo de Greta Thunberg en manifestation Fridays For Futur
Screenshot instagram du compte Fridays For Futur

Dans un monde où tout se joue en ligne, le repost incarne les paradoxes du militantisme digital. À chacun – militants, marques ou citoyens – de dépasser l’intention pour en faire un levier de transformation réelle. 

  – Nora Louhichi

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