Du disque au numérique : nouveaux défis des artistes
La crise du disque, amorcée dès les années 2000 avec l’émergence du téléchargement illégal et l’effondrement des ventes physiques, a bouleversé le paysage musical. Aujourd’hui, les artistes doivent rivaliser d’ingéniosité pour compenser la chute des revenus traditionnels et capter l’attention d’un public dispersé entre des milliers de contenus.
Si les plateformes comme Spotify et Deezer dominent aujourd’hui l’industrie musicale, elles offrent aux artistes des revenus souvent faibles en comparaison des ventes physiques d’autrefois. Cependant, elles restent un outil central pour leur visibilité. Les playlists éditoriales et algorithmiques, permettent de propulser un artiste ou un morceau à un succès planétaire.
Pendant des décennies, les artistes dépendaient de labels, agents et médias pour promouvoir leur musique. Aujourd’hui, l’avènement des outils numériques permet aux artistes de s’émanciper de ces structures en développant une communication directe avec leur public.
Hans Zimmer en studio de production.
Très peu d’artistes sont de bons communicants, mais ils détiennent la capacité de toucher un public et de s’entourer de fans. C’est pourquoi l’important n’est pas de « tester un titre sur les ondes », mais d’offrir à l’artiste une plateforme lui permettant d’interagir avec son public et lui apprendre comment devenir un influenceur.
« Évolution de l’industrie musicale : quelles conséquences pour les artistes ? » – Les Echos
L’art du storytelling : engager une communauté
Pour se différencier, les artistes ne se contentent plus de sortir de la musique : ils racontent des histoires. Ce storytelling passe par des formats divers : journaux intimes visuels sur Instagram, défis TikTok ou vlogs YouTube.
Le storytelling crée un lien émotionnel fort entre l’artiste et son public. Taylor Swift excelle dans cet exercice, en distillant des messages cachés dans ses clips ou en racontant les coulisses de ses créations. Résultat : ses fans deviennent des ambassadeurs, diffusant son univers à travers des réseaux.
Les plateformes comme Instagram, TikTok et X permettent aux artistes de construire une identité forte tout en gardant une proximité avec leurs fans. Billie Eilish, par exemple, a su exploiter son authenticité sur Instagram, forgeant le visage de sa communauté engagé.
Taylor Swift lors de son concert à Sydney.
De droit à gauche : Les comptes Tiktok de Billie Eilish, Taylor Swift, Ateez
TikTok : l’usine à hits moderne
Un challenge viral ou une danse peut transformer une chanson en phénomène mondial. Des artistes comme Lil Nas X (avec Old Town Road) ont largement profité de cette dynamique.
Les utilisateurs ne consomment pas seulement la musique : ils participent activement à sa diffusion, devenant co-créateurs du succès d’un artiste.
Bien que TikTok ait réduit les formats, les clips restent essentiels pour ancrer une identité visuelle forte. Beyoncé ou bien Kendrick Lamar continuent de produire des vidéos à forte valeur artistique pour chaque comeback, renforçant leur storytelling et créant des expériences immersives.
La montée en puissance des formats visuels redéfinit le rôle des artistes : ils doivent être à la fois musiciens et créateurs de contenu (parfois même, juste créateurs de contenu). Cette transformation, bien que contraignante, ouvre également la porte à la collaboration avec d’autres parties prenantes du secteur audiovisuel. Amorcer par Michael Jackson, lors de la sortie de Thriller, des grands génies comme Quincy Jones, qui en a assurer la production, connaissaient déjà la nécessité de construire la musique autour d’une histoire que le public pourrait voir comme un film, attendant avec impatience le dénouement final.
