Journalisme et Médias

Quand l’actualité ressemble à une dystopie : le retour en force des récits anti-utopiques.

Depuis la réélection de Donald Trump en novembre 2024, les ventes de 1984 et de La Servante écarlate ont de nouveau explosé. Ces œuvres dystopiques, qui semblaient déjà pertinentes en 2016, résonnent aujourd’hui comme des prophéties. Entre montée des populismes, crises climatiques et avancées technologiques, les dystopies ne sont plus de la fiction : elles sont devenues un miroir de notre réalité.

Les dystopies ne sont pas nées d’un simple désir de raconter des histoires sombres. Elles sont le produit des peurs de leur époque. 1984, publié en 1949, dépeint un monde totalitaire où la surveillance de masse et la manipulation de l’information sont omniprésentes. Aujourd’hui, à l’ère des fake news et des algorithmes qui traquent nos moindres faits et gestes, le roman d’Orwell semble plus pertinent que jamais.

De même, La Servante écarlate, qui décrit une société où les femmes sont réduites à leur fonction reproductive, a trouvé un écho particulier dans le contexte des débats sur les droits reproductifs aux États-Unis. Depuis l’arrêt Dobbs v. Jackson en 2022, qui a annulé le droit constitutionnel à l’avortement, les ventes du livre ont grimpé en flèche.

 Les réseaux sociaux, amplificateurs de peurs dystopiques

Les réseaux sociaux ont joué un rôle clé dans ce regain d’intérêt pour les dystopies. Après l’élection de Trump, des hashtags comme #BigBrotherIsBackou #Gilead2024 (en référence à La Servante écarlate) ont envahi Twitter et TikTok. Les utilisateurs ont partagé des extraits de livres, des citations et des mèmes mettant en parallèle la fiction et la réalité.

Un tweet particulièrement viral a comparé les « faits alternatifs » de l’ère Trump à la novlangue d’1984, cette langue inventée par Orwell pour manipuler la pensée. « Quand la fiction dépasse la réalité, il est temps de relire les classiques », peut-on lire dans un post partagé plus de 50 000 fois.

 Les jeunes, première génération à vivre une dystopie réelle

Les jeunes adultes, déjà friands de sagas dystopiques comme Hunger Games ou Divergent, sont en première ligne face à ces bouleversements. Pour eux, les dystopies ne sont plus des histoires lointaines, mais des réalités quotidiennes. Entre les crises climatiques, les inégalités sociales et les avancées technologiques, cette génération se sent souvent impuissante face à un avenir incertain.

Dans un récent épisode de France Inter, un jeune auditeur résumait ce sentiment : « On nous a toujours dit que les dystopies étaient des avertissements, mais maintenant, on a l’impression de les vivre. C’est effrayant, mais ça nous pousse aussi à agir. »

Les dystopies, un outil pour comprendre et résister

Si les dystopies fascinent autant, c’est aussi parce qu’elles offrent des clés pour comprendre notre monde. Elles nous rappellent que les régimes autoritaires ne tombent pas du ciel : ils sont le résultat de choix politiques et sociaux. Comme l’écrit Margaret Atwood dans La Servante écarlate : « Rien ne change instantanément. Dans une baignoire qui chauffe progressivement, vous seriez bouilli vivant avant même de vous en rendre compte. »

Ces récits nous invitent également à résister. Que ce soit à travers les héros de Hunger Games ou les personnages d’1984, les dystopies montrent que la résistance est possible, même dans les pires circonstances.

Alors que l’élection de Trump en 2024 a relancé les ventes de dystopies, une question se pose : ces récits sont-ils des avertissements ou des prophéties ? Dans un monde où la frontière entre fiction et réalité semble de plus en plus floue, les dystopies nous offrent une boussole pour naviguer dans l’incertitude. Et peut-être, aussi, un espoir : celui de changer le cours de l’histoire avant qu’il ne soit trop tard.

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