Journalisme et Médias

Journalisme sportif à la télévision : les femmes encore sur le banc de touche

Aujourd’hui encore, 8 journalistes sportifs sur 10 sont des hommes, qu’ils soient sur le terrain, devant la caméra ou derrière le micro. Malgré des progrès encourageants, ce milieu fait toujours trop peu de place aux femmes.

Les journalistes sportives ne font pas encore jeu égal avec les hommes. En 2021, au sein des retransmissions et des magazines sportifs diffusés à la télévision, seulement deux journalistes sur dix étaient des femmes, selon l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique). Comparés à d’autres thématiques, les programmes consacrés au sport restent encore très genrés. À titre d’exemple, dans les catégories “Informations et autres émissions” la part des femmes s’élève à 49% et elle grimpe à 47% pour les “Magazines” et “Divertissements-jeux”. On n’est pas loin de la parité! Pour autant, les femmes ont marqué des points ces dernières années. Sur la chaîne L’Équipe l’année passée, elles représentaient 21% des journalistes, contre 18% en 2020, et 9% en 2019 (Arcom).

Les hommes ont encore une longueur d’avance

Bien qu’elles soient de plus en plus représentées à la télévision, elles peinent encore à se faire entendre. En 2021, le taux de parole accordé aux femmes journalistes s’élevait seulement à 13% dans les programmes sportifs (toujours selon l’ARCOM). Autrement dit, sur une journée, on écoute pendant vingt et une heure des hommes sur une chaîne de sport. “ Une femme, elle ne pourra jamais avoir un timbre de voix… dans une action de folie, elle va monter dans les aigus […] », justifait le commentateur Denis Balbir en 2018. Plus de femmes, ok, mais chacun sa place ! Et oui, les rôles restent encore bien normés et hiérarchisés. Alors que les hommes sont largement majoritaires au commentaire sportif, à l’expertise et à la technique, la gent féminine doit principalement se contenter de la place d’animatrice.

2021, un premier pas vers la victoire

Mais les choses bougent. « Si à ma petite échelle je peux montrer que les femmes peuvent commenter de manière pertinente, je trouve que c’est intéressant.» confiait Inès Lagdiri-Nastasi au Figaro. Lors de l’édition 2021 de Roland Garros, elle a été la première femme à commenter le tournoi de tennis sur France Télévisions. Ce n’est pas tout. L’année passée a marqué un tournant sur la problématique de la non-mixité et du sexisme dans le journalisme sportif, notamment grâce au documentaire choc de Marie Portolano. « Je ne suis une pas une salope, mais une journaliste, y martèle-t-elle. J’espère avoir contribué à libérer la parole ; le combat sera gagné quand il sera devenu inutile d’en faire un film». Son documentaire, qui dénonce les violences sexistes dans le journalisme sportif à travers une vingtaine de témoignages, inspire de nombreuses journalistes qui souhaitent faire bouger les lignes.

Si à ma petite échelle je peux montrer que les femmes peuvent commenter de manière pertinente, je trouve que c’est intéressant.

Inès Lagdiri-Nastasi

Jeu, set… Mais toujours pas match

Lors du lancement de la Coupe du Monde au Quatar le 20 novembre dernier, le collectif des femmes journalistes de Sport a publié un communiqué de presse pour dénoncer leur quasi absence dans la couverture de cet événement. Parmi les 100 journalistes, expert.e.s, consultant.e.s et commentateurs.trices dans les dispositifs des chaînes télévisées, de radio et des journaux, la gent féminine occupait une très faible place : 9 journalistes et 5 consultantes. “FSJ constate à nouveau que les femmes journalistes de sport restent au bord de la route des grandes compétitions. Cela doit cesser… Les femmes doivent pouvoir commenter, raconter, analyser, éditorialiser comme leurs collègues masculins. L’expertise n’a pas de genre”, ont-elle dénoncé. Une chose est sûre, le combat est mené et la parole libérée. Mesdames, à vous de prendre l’avantage, la balle est dans votre camp !

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