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Com’ Politique : Je tweete, donc je suis ?

Hugo Djelloul, étudiant en première année de Cycle master à Audencia SciencesCom, signe un billet d’humeur sur l’usage des réseaux sociaux en politique.

  Twitter, Facebook, Instagram, Snapchat, Vine… Qui ne connaît pas ces réseaux sociaux ? Les deux premiers sont même devenus l’alpha et l’oméga de la stratégie de communication du personnage politique. Appréciés pour leur facilité, leur instantanéité et l’immense liberté qu’ils procurent, loin des filtres médiatiques traditionnels, les politiques s’en servent de plus en plus. Trop parfois, jusqu’à commettre LA faute, tweetée et retweetée à l’envie, qui assassine leur « Tweet credibility ». Jusqu’à la prochaine fois…

  Un exemple pour s’en convaincre ? Le récent dérapage de Philippe Poutou candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) pour la présidentielle de 2017, après l’affaire Kim Kadarshian. Rappel des faits. Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016, la vedette est séquestrée dans son hôtel particulier à Paris où les braqueurs dérobent un butin d’une valeur de 9 millions d’euros. Philippe Poutou se distingue quelques heures plus tard par un tweet douteux contre la victime :

« Neuf millions d’euros de bijoux dans sa chambre ? La redistribution des richesses est une urgence. Cela a commencé, semble-t-il . »

  Le mal est fait. Avec son message relayé plus d’une centaine de fois sur le réseau social, même après avoir été effacé, le candidat du NPA s’attire les foudres de l’entourage de Kim Kardashian et la twittosphère en général. Faire valoir le vol et la séquestration comme moyens légaux d’enrichissement personnel est effectivement pour le moins maladroit.

  Un autre exemple ? Le 21 septembre dernier, Christine Boutin, présidente d’honneur du Parti chrétien démocrate (PCD) – 22 000 tweets à son actif – annonce en moins de 140 caractères la mort de l’ancien président français, Jacques Chirac, hospitalisé quelques jours auparavant. Ridiculisée dans les minutes qui suivent, l’ancienne ministre est obligée de supprimer son tweet et de défendre auprès du journal Le Monde l’innocence de ses propos, basés sur des “sources sûres”.  Vous en voulez encore ? On pourrait multiplier les exemples. Mais arrêtons-nous là. Sur Facebook, il semblerait que les politiques agissent de manière plus raisonnée : dans cet espace de communication publique, ces derniers soignent leur image.

  Le réseau est utilisé comme une plateforme où le parti politique, son histoire et son actualité sont mis en valeur et expliqués en long, en large et en travers. Sans aucune limite de signes, le politique prend tout son temps pour étayer ses propos et réagir à l’actualité. A l’inverse, Twitter semble davantage faire office de journal intime. Mais comment donner un avis éclairé en 140 signes ? Finies les longues phrases et la belle rhétorique, place à un langage sans filtre et sans détours. Adieu à la parole argumentée, bonjour à la synthèse excessive et aux abréviations parfois douteuses.

           Christine Boutin :      
22 000  TWEETS !

  Chacun dans leur style, les réseaux sociaux sont devenus incontournables dans la prise de parole publique. D’aucuns considèrent que sans eux, le personnage politique n’existe pas et ne s’engage pas dans les débats de société. En 2015, le CEO de Make Me Viral (agence qui accompagne les grands comptes des politiques sur les réseaux sociaux) décrivait en chiffres sonnants et trébuchants cette réalité : 73% des membres du bureau du Parti Socialiste sont engagés sur un réseau social et 82% chez les Républicains. Enfin, 92% des 50 principales personnalités politiques possèdent et animent un compte Twitter…

Du beau monde connecté sur la toile pour le meilleur, comme pour le pire.

Oh, tiens, un Tweet :

« Moralité pour tous, mieux vaut laisser clavier, console, portable, etc. Et faire une bonne promenade. »

Un conseil avisé de la député européenne Nadine Morano du parti Les Républicains (LR), qui a déjà écrit, attention, 13 700 tweets !  Cherchez l’erreur…