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Les applications mobiles, cette pollution invisible

Tout le monde identifie la pollution générée par le trafic automobile. Celle de l’usage d’Internet, beaucoup moins. Or, si le secteur numérique représente 3,7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), il pourrait en représenter 7 à 8,5 % en 2025, soit l’équivalent de celle des véhicules légers sur la planète. Mais des solutions existent pour ralentir le rythme ! 

Rien n’a jamais été aussi simple et divertissant dans notre quotidien : applications mobiles pour écouter de la musique, regarder des vidéos, des films, trouver son chemin, ou encore commander à manger… Et pourtant, l’impact du numérique sur l’environnement n’est pas négligeable, surtout quand on utilise un smartphone. D’ailleurs, on viderait deux fois plus vite sa batterie en surfant sur le web qu’en téléphonant. Et plus la batterie s’use, plus on accélère le renouvellement de son appareil, ce qui n’est pas bon non plus pour la planète. 

Une société nantaise spécialisée dans l’éco-conception de logiciels ou applications mobile, Greenspector, a réalisé une vaste étude sur ce sujet avec le géant de l’informatique Atos. Elle démontre que les applications mobiles, utilisées par 5 milliards de personnes à travers le monde, ont un impact croissant sur l’environnement. Elle équivaudrait chaque année à la consommation d’électricité d’un pays comme l’Irlande… 

Tik-Tok, la plus énergivore 

Si la consommation d’applications mobile ne crée pas de déchets visibles, ces dépenses énergétiques mises bout à bout créent en réalité une pollution diffuse, large et abondante. On retrouve en tête de liste des plus énergivores le réseau social « TikTok », très apprécié des jeunes. Cette application inclut un pré-téléchargement automatique des vidéos ce qui est éreintant pour la puce de connectivité du smartphone, sollicitée en permanence pour charger des données. 

Alors comment naviguer sans abuser ? Nous pouvons déjà commencer par privilégier des applications ou sites plus économes en énergie comme Spotify, la plus sobre d’entre elles. Il vaudrait mieux la choisir à Youtube pour écouter de la musique. Concernant les applications de réseaux sociaux et de discussions instantanées les plus utilisées, on retrouve, de la plus consommatrice à la plus économe : Twitter, Facebook, Instagram, Snapchat, Messenger et enfin WhatsApp qui serait à privilégier pour des appels ou messages sur son smartphone. 

Apprendre à déconnecter 

Mais pourquoi est-on autant accroc à ces réseaux ? Ces applications cultivent le goût de « revenez-y, vite ! », un peu comme une addiction. Chacun devrait y réfléchir en essayant de s’octroyer des moments de déconnexion. C’est ce que propose l’auteur Bruno Patino dans son livre sur « La civilisation du poisson rouge ». Il suggère de créer des « zones de déconnexion », à l’image des « zones non fumeurs », dans des lieux de savoirs, culturels ou de travail. 

Il serait aussi préférable de se déconnecter dans le privé, pendant des réunions de famille par exemple, pour en profiter réellement. Privilégier la discussion, la vie réelle à son écran ? Pénible à envisager pour certains, mais pas impossible ! Il faut réussir à reconquérir le temps et avoir une emprise sur lui. Et considérer ces moments de déconnexion comme une sorte de « libération ». 

On peut aussi chercher à passer un temps de meilleure qualité sur le web. Il suffit de délimiter les moments passés chaque jour sur Internet : prévoir un temps pour travailler, faire des découvertes et parler avec ses congénères. Surfer plus intelligemment n’est pas bien compliqué non plus : sur les réseaux sociaux, mieux vaut utiliser son énergie à nouer des liens qu’à scroller son fil d’actualités sans but précis, presque par automatisme. Si vous ne le faites pas pour vous, faites le pour la planète !