Audiovisuel

Les Webtoons, un manga en mode “scrolling”

Apparu dès le début des années 2000 dans la péninsule sud-coréenne, le Webtoon est devenu depuis lors le format favori de consommation de ce que l’on appelle plus communément la BD, ou plutôt le manga, étant donné l’influence des planches de dessin japonaises par les deux géants du numérique que sont Naver et Kakao. Catalyseurs et principaux acteurs de l’industrie.

Le premier téléphone tactile n’était pas encore né que les premières ébauches de BD numérique avaient déjà fait leur apparition. L’avantage ? Plus besoin de livre lourd et encombrant. Des centaines de séries dessinées à la demande sur son smartphone. Autour d’un concept, la “Snack Culture”, autrement dit, des contenus faciles d’accès et rapides à consommer. Il va sans dire que la Corée du Sud n’a plus le temps… tout du moins, les Coréens ne le trouvent plus. Quoi de mieux que d’occuper son temps dans les transports avec des Web séries ? Moins de 10 minutes, c’est le temps qu’il faut pour lire un épisode.

Milliard d'euros généré
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millions d’utilisateurs pour le leader Naver Webtoon
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Il est fort possible que ce phénomène se rattache à celui de TikTok et à la consommation de formats courts et facilement accessibles, autrement dit, le “scrolling” de la version digitalisée de leur Manhwa (version coréenne du manga).

Principalement en Corée, certaines séries sont devenues si populaires et attractives qu’elles ont fait l’objet d’adaptations sur les petits et grands écrans : Itaewon Class, True Beauty, The Sound of Magic, Sweet Home, All of Us Are Dead

Logo du leader du marché « Naver Webtoon »

Affiches du Webtoon « What’s wrong with secretary Kim » et de son adaptation sur Netflix.

Des dramas coréens parmi les plus populaires qui font le bonheur des plateformes de streaming. Des personnages pourtant fictifs sont devenus égéries de marque… Une véritable industrie du showbiz.

2 – Les conséquences du format

Afin de tenir en haleine le lecteur à chaque sortie différée d’épisode et de pouvoir abreuver en temps et en heure sa curiosité, les créateurs (dessinateurs et scénaristes) sont soumis à d’importantes pressions pour suivre un rendement bien précis, qui déterminera grandement le succès de la série. Ils se donnent corps et âme à leur passion et à leur communauté de fans.

Comme dans beaucoup de secteurs de l’industrie du divertissement coréen (K-pop, K-drama, Webtoon), on ne lésine pas sur la rigueur, au risque d’y laisser sa santé mentale. Jang Sung-rak, l’auteur de la web-série Solo Leveling, décédé en août 2022 à l’âge de 37 ans, sera considéré comme l’une des premières victimes des mauvaises conditions de travail de l’industrie.

Ces derniers temps, avec l’arrivée grandissante des IA génératives, le dessin à la main des planches de Webtoon ne sera plus qu’une option. L’objectif initial est de rendre la création accessible à tout le monde, avec sûrement un double objectif de rentabilité de la part des grandes plateformes éditrices du secteur. Une décision qui peut paraître délicate quant à la remise en question de la place de l’art et de la création intellectuelle, qui se voit petit à petit remplacée par des créations numériques à la qualité bluffante. D’un autre côté, cela peut aussi apporter un soutien aux créateurs dépassés par le rendement et qui ne seraient pas contre une aide de la machine.

Affiche du webtoon « Solo leveling ».

“Le livre papier représente encore près de 90% du marché dans l’Hexagone […] tandis qu’en Corée, le secteur est dominé à 80% par les webtoons, les web novels et les e-books.” – FKCCI Corée Affaires 113

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