« Que faire à Paris ? » dépoussière la communication institutionnelle
Le site « Que faire à Paris ?», lancé par la mairie, se donne pour ambition de devenir l’agenda culturel de référence des Parisiens. Il mise sur un ton et un contenu qui sortent des sentiers battus de la communication institutionnelle. Retour d’expérience avec Sandra Berkoukeche, l’une de ses rédactrices multimédia (1).
D’où vient l’idée du site « Que faire à Paris ? » et est-ce une initiative inédite en France ?
Sandra Berkoukeche : « L’idée émane à 100% des équipes de la Mairie de Paris. Au départ, c’était une rubrique agenda sur le site paris.fr ainsi qu’un article hebdomadaire : « Que faire à Paris ce week-end ? ». Ce dernier rencontrait chaque semaine un vif succès. En 2011, il a donc été décidé de faire de cette rubrique agenda, un site à part entière qui a beaucoup évolué depuis. A ce jour, je ne connais pas d’autres villes qui ont, comme nous, séparé leur agenda culturel et sportif de leur site institutionnel. Souvent, c’est le site de l’office de tourisme qui joue ce rôle. »
Quelle est la ligne éditoriale du site, sa spécificité ?
Sandra Berkoukeche : « Le site comporte 2 grandes parties alimentées par des sources différentes. La partie agenda est renseignée à 95% par des contributeur·trice·s de la Ville de Paris (bibliothèques, musées, piscines etc.), du secteur privé (salons, bars, discothèques etc.) mais aussi des Parisien·ne·s. Elle a pour objectif d’être exhaustive concernant les événements et activités sportives, culturelles ou de loisirs. »
« La partie magazine est quant à elle rédigée à 95% par notre équipe éditoriale (quatre rédacteur·trice·s, une cheffe d’édition et une modératrice). Elle offre un regard sur Paris, promeut certains événements ou lieux, interroge les Parisien.ne.s sur leurs bonnes adresses, raconte les coulisses des grands événements. Nous privilégions les événements peu chers, grands publics et accessibles à tous. Notre objectif est de révéler les bons plans au plus grand nombre. Le ton se veut léger, sympathique et bienveillant ; nous parlons uniquement de ce qui nous plait. »
Comment modérez-vous les participations au site ?
Sandra Berkoukeche : « Nous nous donnons le droit d’améliorer un contenu si nous souhaitons le mettre en avant, voire de dé-publier tout contenu qui ne serait pas une sortie ou une activité culturelle, sportive ou de loisirs, même s’il émane de la Ville de Paris. Nous savons que notre public n’attend pas de ce site d’être informé des messes, des meeting politiques ou encore d’un nouveau menu dans un restaurant. »
Quel est public visé ? Les habitants, les touristes, les jeunes Parisiens ?
Sandra Berkoukeche : « Tous ceux qui vivent, travaillent ou sortent à Paris. Nos articles tentent de cibler des publics différents, par exemple les parents avec « Que faire à Paris avec les enfants cette semaine ?», les jeunes actifs avec « Trois raisons de se faire un Escape Game », les Végans « 5 bons plans végans pour la rentrée ». Nos interviews sont également le reflet du public parisien. Dans la rubrique « Le Paris des Parisien·ne·s », nous interrogeons les acteur·trices de la vie culturelle parisienne. Des street-artistes, des danseur·euse·s, des DJ, des comédien·ne·s, des musicien·ne·s, des figures de quartier, des écrivain·e·s, des sportif·ives, des vedettes, des personnes qui sont à la fois des précurseur·euse·s de bons plans, des influenceur·euse·s et les témoins privilégiés d’un Paris pluriculturel. »
Tous les articles publiés sont-ils validés préalablement par la mairie comme dans un magazine municipal ou avez-vous une certaine marge de liberté ?
Sandra Berkoukeche : « En ce qui concerne la partie agenda, le contrôle est effectué par la modératrice. Pour la partie magazine, c’est la cheffe d’édition qui relie et publie les papiers. Pour le choix des sujets, nous avons des marronniers obligatoires (week-end, noël, vacances etc.) et des propositions de l’équipe en conférence de rédaction. Pour ces dernières, les questions que nous nous posons avant de faire un article sont : Quelle est la cible ? Est-ce un sujet en vogue ? Fait-il écho à une actualité culturelle ou sportive du moment ? Est-ce que c’est un sujet de niche ou grand public ? Nous sommes assez libres et nous écrivons sur des sujets qui nous intéressent vraiment. C’est d’ailleurs peut-être pour cela que notre lectorat ressemble à l’équipe éditoriale (68% de femmes dont la plupart ont entre 25 et 45 ans d’après Facebook). Concernant les grands événements de la Ville de Paris (Nuit Blanche, Paris Plages etc), Que faire à Paris se transforme en site événementiel et se fait le relais d’une communication officielle. Nous avons alors moins de liberté éditoriale et devons simplement adapter au web les programmes papier. »
Ce site vise-t-il à sortir des sentiers battus de la communication institutionnelle ?
On aurait pu faire un site aux couleurs de la Mairie, qui ne ferait la promotion que des événements municipaux avec une neutralité de ton mais il aurait été sûrement moins consulté et serait resté un portail d’activité un peu vieillot. L’esthétique du site, le ton léger, l’humour utilisé dans les articles plaisent au public qui en oublie que c’est un site institutionnel. C’est un outil de valorisation de l’actualité culturelle et sportive mais aussi de Paris en général, sa diversité, son art de vivre, son dynamisme.
Quelle est votre utilisation des réseaux sociaux ? Avez-vous des objectifs en la matière ?
Sandra Berkoukeche : « La Direction de la communication a une équipe veille et réseaux sociaux de 5 personnes, l’un d’entre eux est affecté à Que faire à Paris. Il s’occupe des comptes Facebook (137k abonnés), Instagram (14k abonnés) et Twitter (78,4k abonnés), ainsi que de la newsletter deux fois par semaine. En moyenne, le site comptabilise 320 000 visiteurs par mois pour 800 000 vues. Les pages les plus consultées sont la Home, la rubrique Enfants, la rubrique Expos, les articles « Que faire à Paris ce Week-end ? » et « Que faire à Paris sans un rond ? ». Nous n’avons pas fixé d’objectifs en la matière mais nous aimerions générer plus d’engagements sur les réseaux sociaux. Moi personnellement, j’aime beaucoup Instagram et j’ai envie de faire des stories à gogo ! »
Propos recueillis par Laura Legrand
(1) Elle intervenait le 18 septembre dernier lors du Medialab Speedtraining organisé au Mediacampus par Ouest Medialab