Réseaux sociaux, quel impact sur le corps des ados ?
Adolescence et amour-propre n’ont jamais fait bon ménage. Avec les réseaux sociaux, leur rapport au corps est mis à rude épreuve. Et si, au lieu de « liker » les influenceurs, ils apprenaient à s’aimer ?
Les ados sont accrocs aux réseaux sociaux. Mais est-ce bon pour leur santé mentale? Selon l’étude #BornSocial 2020, 87% des 12 ans et plus préfèrent utiliser des applications de social media sur leur smartphone plutôt que de téléphoner. C’est dire l’importance du phénomène. « La course à l’image de soi a commencé il y a vingt ans avec l’apparition des premiers Skyblogs, rappelle Cyril Di Palma, le délégué général de l’association Génération Numérique. Sauf qu’aujourd’hui, le nombre d’adolescents concernés a explosé, ce qui crée un effet de masse ».
Les plateformes favorites des 11-25 ans : Snapchat, Instagram et TikTok. L’instantanéité, la vitesse de communication et la grande diversité de leurs contenus fabriquent un moule parfait pour les adolescents d’aujourd’hui. Sur ces réseaux sociaux, les publications se font via des photos et/ou des vidéos, où le corps se retrouve particulièrement exposé. « On se retrouve face à une nouvelle utilisation des réseaux, notamment sur TikTok, où les adolescent(e)s se filment avec des danses et des musiques qui ne sont pas adaptés à leur âge. Ils s’exposent sans penser aux conséquences… ».
Instagram et TikTok, les grands méchants loups ?
Tout part d’un effet de mode : je veux ressembler aux personnalités que je « follow ». Sauf que beaucoup d’influenceurs prônent une image déformée de la réalité: photos retouchées, chirurgie, vie faussement idyllique.… « L’exposition de ces corps parfaits crée des complexes, observe Cyril Di Palma. Il faudrait aider les adolescent(e)s à prendre du recul et à se demander « pourquoi chercher à être parfait ? ». Un sujet qui devrait selon lui être abordé très tôt au sein des familles.
Dans cette période de recherche sur sa personnalité, les réseaux sociaux poussent les jeunes à se comparer sans arrêt. Une enquête interne d’Instagram parue en 2021 montre notamment « qu’un adolescent sur cinq dit qu’Instagram les fait se sentir moins bien ». Les raisons de ce mal être se trouvent dans plusieurs pratiques célèbres des réseaux sociaux. Parmi elles, on peut citer les challenges (#SummerBody, #A4) qui prônent des corps parfaits et très fins. Les filtres créent quant à eux un syndrome de dysmorphisme.En changeant complètement la forme du visage, ils créent un décalage psychologique entre comment les jeunes perçoivent leur corps et comment il est vraiment.
Je t’aime, moi non plus
Autre source du mal être adolescent, la course aux likes. Il est si facile de devenir une star du net aujourd’hui que les likes deviennent presque une drogue. « Plus j’ai de likes, plus je suis important(e) », pensent-ils, ce qui atténue l’amour propre et la confiance en soi en cas de flop. L’ado va donc faire en sorte d’être plus « performant » sur son prochain post quitte à faire des choses qui ne sont pas adaptées à son âge.
Face à ces dérives, les plateformes sociales et le gouvernement ont mis en place des mesures pour protéger les ados. Censure de la nudité, suppression des filtres « chirurgie », âge limite de création de compte ou encore campagne de prévention «Une photo c’est perso, la partager c’est harceler». Mais ces mesures semblent encore bien dérisoires.
Les « nudes » représentent un autre danger des réseaux sociaux. En permettant de partager instantanément des images, que les adolescents pensent éphémères (alors qu’une simple capture d’écran permet de les enregistrer), ils prennent le risque d’exposer leurs corps dénudés à des inconnus. Un geste effectué par amour peut vite se transformer en drame en cas de fuite des images.
#BodyPositive, une étincelle au bout du tunnel ?
Un mouvement né sur les réseaux sociaux pourrait faire bouger les lignes : le « BodyPositive », ce hashtag créé pour décomplexer les utilisateurs d’Instagram. Le but est de montrer les corps sans artifice ni photoshop et cela fonctionne. De nombreux comptes ont vu le jour pour détruire le mythe du corps parfait (@beauty.false) en affichant des photos d’influenceurs sur Instagram VS dans la vraie vie.
Ce mouvement a incité certains influenceurs à faire évoluer leurs contenus sur Instagram, en misant davantage sur l’authenticité. Prises dans ce mouvement, les marques portent également plus attention à l’image du corps dans leur communication.
Signe que les réseaux sociaux n’ont pas systématiquement un impact négatif sur le rapport au corps des ados. Mais qu’ils faut les utiliser à bon escient pour ne pas se laisser submerger par les injonctions à la perfection.
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