Audiovisuel

Euphoria, la série qui fait voler les tabous en éclats

Cette série américaine réalisée par Sam Levinson et produite par le rappeur Drake est diffusée sur OCS depuis 2019. Elle n’hésite pas à mettre en scène des situations très violentes pour mieux les dénoncer.  

Des hurlements, des accès de violence envers sa propre famille. Dans l’épisode 5 de la saison 2 d’Euphoria, la rechute de Rue, l’héroïne principale incarnée par l’actrice Zendaya, a de quoi heurter les plus sensibles. Interdite aux moins de 16 ans (18 ans aux Etats-Unis), cette série met en scène l’adolescente Rue Bennett qui fait sa rentrée au lycée après avoir séjourné dans un centre de désintoxication. Elle y fait de bonnes et mauvaises fréquentations qui mènent une vie sans tabou. Entre drogue, sexe et secrets, Rue est entourée de tentations.  

Dans les tréfonds de l’addiction 

Si la drogue est omniprésente dans Euphoria, cette série est loin d’en faire l’apologie. Au contraire, puisque l’on suit la descente aux enfers de Rue Bennett dans les tréfonds de l’addiction. On y voit la représentation honnête et même parfois brutale de ses conséquences à travers des scènes plus ou moins dérangeantes. 

Euphoria nous présente la drogue telle qu’elle est, c’est-à-dire destructrice pour les personnes qui y sont dépendantes ainsi que pour les proches qui subissent la situation. C’est le cas dans l’épisode 5 de la saison 2 où on observe Rue en plein « bad trip ». Elle est en larmes, criant et menaçant sa mère à la limite de faire acte de violence, car elle la soupçonne d’avoir jeté ses pilules. Sa sœur qui assiste à la scène incarne la douleur d’une famille qui vit quotidiennement les crises d’une adolescente sous l’emprise de la drogue.  

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Les réserves d’une association américaine 

Selon l’association américaine D.A.R.E (Drug Abuse Resistance Education), Euphoria glorifie la consommation de substances illicites. Elle estime que la série représente de façon irréaliste la consommation de drogue des lycéens. Selon elle, Euphoria influence les jeunes de façon néfaste en leur montrant des figures lycéennes qui se droguent et boivent sans modération. De plus, D.A.R.E attaque les médias en les accusant de n’évoquer que le côté esthétique, glamour et cool de la série. Zendaya, l’héroïne principale, a tout de suite réagi via son compte Instagram, assurant que «  le sentiment derrière  Euphoria , ou tout ce que nous avons toujours essayé de faire avec, est d’aider, espérons-le, les gens à se sentir un peu moins seuls face à leur expérience et à leur douleur. Et peut-être avoir l’impression qu’ils ne sont pas les seuls à vivre ou à faire face à ce qu’ils vivent». 

Le tabou des violences amoureuses 

Euphoria aborde des sujets tabous, comme le deuil parental et les violences conjugales. Ce sont des sujets souvent peu abordés dans les séries pour ados. Dans la série, Rue a perdu son père de façon brutale à la suite d’un cancer. Euphoria a décidé d’aborder ce sujet en parallèle de la drogue puisque c’est un des éléments déclencheurs de son addiction. 

Pour ce qui est des violences conjugales, la série aborde la relation entre Maddy et Nate, le couple populaire du lycée. Les deux protagonistes vivent pourtant une relation clairement toxique, puisque Nate, manipulateur et violent, fait preuve de menaces envers Maddy et lui empoigne le cou à plusieurs reprises. Les amies de la lycéenne la poussent à porter plainte afin de ne pas laisser passer ce comportement. 

Si Euphoria doit être réservée à un public averti, qui saura appréhender les scènes les plus difficiles (des messages préventifs sont d’ailleurs réguliers), elle a le mérite de dénoncer les affres de la drogue et de la violence en les montrant sans tabou, dans toute leur noirceur. C’est ce qui fait toute la force de cette série. Montrer pour mieux dénoncer.  

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Ce n’était pas la violence qui lui faisait peur. C’était le fait qu’elle savait que quoi qu’elle fasse, elle l’aimerait toujours.

Rue Bennett