Guerre en Ukraine : les ressorts de la propagande russe
Guerre en Ukraine : les ressorts de la propagande russe
La guerre en Ukraine, déclenchée par la Russie le 24 février dernier, passe aussi par la maîtrise de l’information. Plusieurs articles décryptent les outils de propagande de Vladimir Poutine qui cherche à tout prix à conserver le soutien de son peuple dans le conflit.
C’est ce que Cynthia Hooper explique le 5 mars 2022 dans un article publié sur Méta-Média, intitulé « Guerre en Ukraine : le Kremlin se bat pour gagner les cœurs et les esprits dans son pays ». Entre propagande et désinformation, les médias nationaux russes exercent une profonde influence sur l’opinion publique. Les actions visant à le faire adhérer aux politiques du Kremlin sont nombreuses.
L’effort de désinformation engagé par la Russie regroupe plusieurs acteurs, dont le renseignement militaire russe, des entreprises y percevant un intérêt ou des acteurs privés désirant s’attirer les faveurs de Vladimir Poutine. Cette diffusion massive de messages pro-russes, sur des supports divers, ont pour but d’attiser la haine des civils à l’égard de l’Ukraine, tout en renforçant la fierté envers leur patrie.
On retrouve notamment des témoignages de prétendues atrocités commises par les ukrainiens « néo-nazis » sur des civils russes, qui circulent sur les télévisions locales, via des reportages aux apparences plausibles. Loin d’une campagne désorganisée, la Russie établit son propre récit officiel afin de justifier la projection de ses forces armées sur l’Ukraine. Bien établis, ils sont diffusés par le biais de discours et de reportages. Pour n’en citer qu’un : « Ukraine : How It Was » diffusé le 27 février sur la chaîne de télévision Russia-1, décrit le conflit actuel comme trouvant son origine dans une prétendue trahison par les États-Unis à son égard en 2014.
Réseaux sociaux et désinformation
Cette manipulation de l’opinion publique se déploie également sur les réseaux sociaux comme YouTube, Twitter ou LinkedIn. Les propos du journaliste Nicolas Quénel, rapportés dans « Guerre en Ukraine : comment la propagande prorusse tente d’infiltrer les jeux vidéo, YouTube et Facebook » sur France Info témoignent de pages Facebook pro-russes, affirmant faire de la « réinformation ».
Ces contenus, parfois destinés à un public étranger que la Russie tente de séduire, abordent de nombreuses thématiques sous un angle favorable aux décisions du Kremlin. « L’Otan, le conflit en Crimée, au Donbass, ou toute thématique sur lequel la Russie a envie d’influencer le débat public en France », développe Nicolas Quénel. Il poursuit : « La défiance que l’on observe envers l’Etat et les médias traditionnels s’est généralisée, donc ces pages séduisent. »
Twitter, Facebook, etc ont été bloqués en Russie. Mais Tik Tok en revanche est toujours accessible. Pourquoi ? Parce que le réseau chinois s'est lui-même tellement censuré qu'il n'y a… quasiment plus rien dessus. @auroreteboul #VraiOuFake pic.twitter.com/dZVJNwXvH3
— Julien Pain (@JulienPain) March 22, 2022
Cette utilisation de plateformes mondiales au service d’une propagande russe inquiète, comme le précisent deux journalistes de The Associated Press pour le journal L’actualité. « La Russie a passé des années à créer son appareil de propagande tentaculaire, qui compte des dizaines de sites qui ciblent des millions de personnes dans différentes langues. Cette préparation rend difficile pour toute entreprise technologique de monter une réponse rapide complète (…) C’est un système qui a été construit sur 10 ans, surtout en ce qui concerne l’Ukraine. » nous éclaire Graham Shellenberger de Miburo Solutions, une entreprise qui suit les campagnes de désinformation et d’influence.
Résistance intérieure en Russie
Au-delà de ce que l’on pourrait nommer une propagande, la Russie limite l’accès de ses citoyens aux médias susceptibles de contredire les déclarations du gouvernement, comme Facebook. Malgré cette situation critique, des résistances persistent. Des mesures sont prises à l’échelle européenne pour limiter la diffusion de contenu pro-russes sur des plateformes telles que Méta ou Google.
En Russie, une partie de la population s’oppose au gouvernement. « Sous Poutine, la critique publique de la politique du gouvernement peut être qualifiée de crime. Mais quelques personnes à l’intérieur de la Russie utilisent les médias sociaux pour dénoncer à la fois la guerre extérieure du gouvernement en Ukraine et sa guerre intérieure contre la liberté d’expression », explique la journaliste Cynthia Hooper. Face à ces protestations, la police russe multiplie d’ailleurs les arrestations.