Audiovisuel

La servante écarlate : une série devenue symbole féministe

La série américaine « La servante écarlate » est devenue un symbole de lutte pour la liberté des femmes. Particulièrement depuis la remise en cause du droit à l’avortement aux Etats-Unis

Le 24 juin 2022, la Cour suprême a mis fin à un arrêt de 1973, qui garantissait le droit à l’avortement pour toutes les femmes aux États-Unis. C’est plus de 13 Etats qui ont choisi de révoquer le droit à l’avortement. Selon le Washington Post, environ 21 millions de femmes vivant aux États-Unis se sont vu restreindre voire retirer leur droit à l’avortement.

La journaliste américaine Kate McCann a témoigné de son dégoût sur Twitter : « Cette décision ouvre la voie aux États d’interdire ou de restreindre drastiquement les avortements. Cela pourrait aussi mettre en péril les protections autour de la contraception, des relations et des mariages de même sexe. Quel moment sombre et déprimant de notre histoire. Je me sens mal. J’ai l’impression d’être dans The Handmaid’s Tale ».

Un écho glaçant avec la réalité

Dans cette série – « La servante écarlate » en français-, la république totalitaire de Gilead a pris le pouvoir aux Etats-Unis. Face à la chute drastique du taux de fertilité, les chrétiens extrémistes qui la dirigent ont décidé de faire des rares femmes encore fertiles leurs esclaves destinées à assurer leur descendance.

Inspirée d’un roman publié en 1985, cette série résonne étonnamment avec l’actualité américaine. « Les femmes qui ne peuvent pas décider elles-mêmes d’avoir ou non des enfants sont réduites à l’esclavage parce que l’Etat s’arroge la propriété de leur corps et le droit de leur dicter l’usage qu’elles doivent en faire »  a réagi dans les médias américains Margaret Atwood, auteure du roman La servante écarlate.

Image par Nils Wende de Pixabay

« On a envie de voir une marée de femmes la porter, pas juste une seule d’entre elles, quand elles s’alignent, c’est extrêmement puissant ».

Iris Brey

En rouge et blanc pour les femmes

Depuis ses débuts en 2017, The Handmaid’s Tale est devenue un symbole pour la lutte pour les droits des femmes dans le monde entier. La tenue des servantes n’a pas été choisie au hasard. Il est à la fois le symbole de l’oppression, et de la possibilité d’une libération.

En février 2018, en Croatie, les femmes vêtus de la tenue des servantes écarlates manifestaient pour la ratification d’un texte européen visant à prévenir et lutter contre les violences sexistes et sexuelles.

Selon la journaliste Iris Brey, spécialiste de la représentation des femmes dans les séries, interrogée par Marie-Claire, « On a envie de voir une marée de femmes la porter, pas juste une seule d’entre elles, quand elles s’alignent, c’est extrêmement puissant.  » La tenue rouge et blanche s’impose donc en tant qu’outil politique.

En 2022, après la décision de la cour suprême, des manifestants se sont regroupés devant le siège de la Cour suprême à Washington pour marquer leur opposition à la décision et de nombreuses femmes portaient le costume de June, personnage principal dans la Servante écarlate. Signe que cette série fait vraiment figure de symbole.