Le TDAH capte l’attention sur les réseaux sociaux
Ces dernières années, le TDAH est de plus en plus présent sur les réseaux sociaux. Les créateurs de contenus y expliquent leurs points de vue et leurs symptômes. De quoi lever un tabou et entamer des démarches médicales ?
« Abonne-toi si tu veux en savoir plus sur le TDAH », écrit une jeune femme suivie par 52 000 followers sur Instagram, qui multiplie les conseils et vidéos explicatives. Selon la Haute autorité de la santé, le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) associe 3 symptômes, dont l’intensité varie selon la personne. Ces symptômes sont le déficit de l’attention, l’hyperactivité motrice et l’impulsivité.
Historiquement, le TDAH a souvent été mal compris ou mal diagnostiqué, entraînant soit une stigmatisation, soit une minimisation de ses effets sur la vie des personnes atteintes. Les recherches récentes ont cependant permis de mieux comprendre ce trouble, notamment ses manifestations diverses et son impact sur les adultes, ainsi que chez les enfants. Toutefois, les discussions sur ce trouble sont encore très présentes du fait de la diversité des conséquences sur chacun.
Avec l’avènement des réseaux sociaux, le TDAH a gagné en visibilité. Des plateformes comme Twitter, Instagram et surtout TikTok sont devenues des lieux où les personnes atteintes de TDAH partagent leurs expériences. Ces récits personnels ont contribué à sensibiliser le grand public et à réduire la stigmatisation associée au TDAH. Selon une étude nommée « Social Media and Mental Health: Benefits, Risks, and Opportunities » , les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle crucial dans la diffusion d’informations sur les troubles mentaux, ainsi que d’offrir un soutien entre pairs entre les personnes vivant avec une maladie mentale, y compris le TDAH.
Les risques de l’autodiagnostic
Toutefois, ces témoignages et la présentation de ces symptômes amènent à de l’autodiagnostic, et cela peut présenter des risques. En effet, certains individus, s’identifiant aux symptômes partagés en ligne, peuvent se diagnostiquer à tort avec le TDAH. Ainsi, dans une étude sur le contenu des médias sociaux sur TikTok sur le TDAH, seulement 21 % du contenu examiné a été considéré comme des informations utiles par les experts cliniques. Cette tendance peut conduire à l’adoption de comportements associés à des troubles sans fondement médical réel.
Alors les risques peuvent être présent : Ethan Cohen, auteur de l’article « The Dangers of Self-Diagnosing », nous donne l’exemple d’une personne s’identifiant à une vidéo d’expérience personnelle sur TikTok sur l’amnésie dissociative. Ces informations pourraient faire que l’individu assimile ces symptômes à des épisodes d’oubli normal avec cette pathologie spécifique alors qu’en fait, elle ne répond pas aux critères de diagnostic de l’amnésie dissociative. La personne se fait alors traitée pour un trouble qu’il n’a pas.
De plus, lorsqu’ils consultent des professionnels de santé, ces auto-diagnostiques peuvent induire en erreur les praticiens, compliquant ainsi le processus de diagnostic correct, comme avec la confusion entre le TDAH et HPI .
Autre risque : se faire manipuler par des comptes qui font du TDAH un business en proposant du coaching payant sans formation reconnue ou des compléments alimentaires « adaptés au TDAH » sans validation scientifique.
Un effet déclencheur
Néanmoins, l’autodiagnostic peut aussi être un premier pas vers la guérison et une meilleure compréhension de soi. Pour certaines personnes, s’identifier à des symptômes de TDAH partagés en ligne peut être le déclencheur pour chercher une aide médicale et recevoir un diagnostic formel.
Comme Alice, la créatrice du compte instagram @laminicoachtdah , qui n’a été diagnostiquée qu’à 29 ans, qui a subi la peur et la solitude face à ce trouble encore trop méconnu. Elle a aussi écrit un livre pour aider les personnes dans son cas. Cette reconnaissance de leurs difficultés peut les amener à une meilleure acceptation d’eux-mêmes et à la recherche de stratégies adaptées pour gérer leurs symptômes.
Si les médias sociaux peuvent avoir un impact positif en matière de santé mentale et d’acceptation de soi, la consultation de professionnels pour un diagnostic précis et un suivi adapté demeurent indispensables.