Expérimentations Réseaux Sociaux

« Si je peux faire rire les gens, je vais continuer » : interview du Tiktokeur Filsdelachance

"Si je peux faire rire les gens, je vais continuer" : interview du Tiktokeur Filsdelachance

Pour Luckson, au pseudo Filsdelachance, tout a débuté en décembre 2019 sur Instagram où il postait des vidéos “pour faire rire ses amis.” C’est après s’en être lassé qu’il s’est tourné vers TikTok où il connaît, depuis mars 2020, une ascension fulgurante. Interview. 

Comment t’es-tu retrouvé sur TikTok ?

“J’ai d’abord commencé à poster des vidéos sur Instagram en Décembre 2019. Au début, c’était uniquement pour faire rire mes amis. Puis j’ai vu des personnes que je ne connaissais pas qui commentaient et partageaient mes vidéos. Et je me suis dit : “Trop bien, si je peux continuer à faire rire d’autres personnes, je vais continuer”. Mais je me suis un peu lassé. Le premier confinement est arrivé et beaucoup de gens parlaient de TikTok. Je me suis laissé tenter et j’ai téléchargé l’application. Dans un premier temps c’était juste pour voir puis je me suis dis et si moi aussi je faisais quelques TikTok ? Ce qui est vraiment bizarre, c’est que ça a facilement marché. Très rapidement même. Les premières vidéos ont fait plus de 100 000 vues et c’était une première pour moi. Même si je ne postais pas forcément beaucoup au début, en un an, 90 000 personnes m’ont suivi”.

Est-ce que tu es présent sur d’autres réseaux sociaux ?

“Bien sûr. Je suis présent sur Youtube où plus de 3 000 personnes sont abonnées à mon compte et j’en suis extrêmement fier étant donné que je m’y suis lancé très récemment, en novembre 2021. Je suis aussi sur Discord qui compte plus de 500 membres et ça monte tous les jours. Après, bien entendu, je suis revenu sur Instagram car il s’agit du réseau que je préfère et sur lequel ma communauté est la plus fidèle. Sur TikTok, à moins que des vidéos ne deviennent virales et marquent les esprits, les gens ne sont pas forcément fidèles. Ils font défiler les vidéos, oublient vite et ne regardent que très peu les abonnements”.

Comment organises-tu ta journée par rapport à ton travail sur les réseaux sociaux ?

“La première chose que je fais lorsque je me réveille, c’est de vérifier mes réseaux. Je vais sur Tiktok, je regarde les commentaires et surtout les vidéos dans lesquelles j’ai été mentionné. Ensuite, sur instagram, je regarde mes messages privés et les statistiques d’abonnement. Après je m’occupe du montage de mes vidéos. J’adore ça, je fais tout moi-même. Puis, en fonction de la météo et de mon énergie, je peux tourner une vidéo. Mais habituellement je filme plus souvent l’après-midi. Si c’est un Tiktok de 10-15sec, le tournage dure plusieurs minutes. Pour les vidéos Youtube, je peux partir sur des tournages d’une heure et demie à deux heures. Le plus long tournage que j’ai pu faire a duré 3 heures, c’était pour la vidéo “manger c’est chaud”.

 

Est-ce que tu reçois de l’aide ?

« Depuis cette montée d’abonnés, j’ai eu l’opportunité de rencontrer mon manager en octobre 2021. Il m’aide énormément pour trouver des idées de vidéos. On fait souvent d’ailleurs, le soir, des appels sur Discord pour parler de la journée, des statistiques sur les réseaux… Mais aussi pour parler et trier les mails que l’on reçoit. Et chaque lundi on programme, sur l’application Trello, toutes les vidéos que je vais poster dans la semaine.”

D’où te viennent tes inspirations ?

“Mon manager ne me donne pas toutes les idées bien entendu. Mais nous échangeons beaucoup. Je lui dis que j’ai eu telle idée et lui il peut rajouter des choses et me dire si c’est bien ou non. A part ça, personnellement, je me suis beaucoup inspiré de la plateforme Vine, sur laquelle je n’ai pas eu l’occasion de me lancer. C’était des vidéos de 6 secondes. Et c’est vraiment ce que j’aime. Les vidéos que je fais sont assez courtes. Quand je fais des sketchs, les gags s’enchaînent et c’est vraiment grâce à Vine que c’est venu.”

Quelles ont été tes opportunités via ce réseau social ?

“Avant de rencontrer mon manager, une agence m’avait contacté pour que je les rejoigne. Et encore aujourd’hui, de nombreuses agences me contactent. Une autre opportunité que j’ai eu a été la soirée regroupant 500 tiktokeurs sur Paris, la For You Night 3. Ça a été la plus belle des opportunités à ce jour que l’on ait pu m’offrir. J’ai eu aussi de beaux featuring avec des invités exceptionnels, assez connus sur les réseaux, des doubleurs officiels, etc.”

Quelles sont les difficultés et les risques auxquels tu fais face ?

“La première chose est de surveiller mon image, de faire très attention à comment je me comporte sur les réseaux. Parce qu’il ne faut pas oublier que rien ne s’efface et que la visibilité peut redescendre très vite. Je fais aussi attention à ce que je partage, à ce que je fais comme type de vidéo parce que je m’attaque à un terrain assez dangereux. J’essaie de me consacrer à l’humour noir et cela ne fait pas rire tout le monde. Après, mon public a entre 18 et 24 ans donc ça me rassure un peu. A part ça, certaines marques veulent profiter de moi et de ma notoriété sur les réseaux en proposant des collaborations qui ne profitent qu’à elles.

En général j’ai une bonne relation avec mes abonnés mais certains font la remarque que je ne suis pas comme sur mes vidéos par message. Ils oublient vite qu’il y a une différence entre le personnage que je montre sur les réseaux et la personne que je suis dans la vraie vie. Il peut y avoir quelques propos racistes chez certains. Mais c’est uniquement une petite part de mes abonnés. La plupart sont bienveillants et très gentils.”

Est-ce que tu aurais une anecdote à nous raconter sur ton aventure TikTok ?

“Je me baladais sur la section live de Tiktok et je voyais beaucoup d’étudiants. Je commentais pour leur dire bonjour, ce genre de choses. Un moment, je vois 3 jeunes qui me disent “filsdelachance, c’est trop nul comme pseudo”. Puis l’un d’eux a remarqué qui j’étais et en a parlé à ses amis : “ah mais je le connais, je le suis, c’est le mec qui a fait cette vidéo là je l’adore – Ah mais oui mec tu gères” et ils ont regardé mon nombre d’abonnés. C’était drôle ils n’arrêtaient pas de se moquer de mon pseudo et finalement ils m’ont kiffé.”

Comment te vois-tu dans 5 ans ?

“Je me vois vivre de ma passion, faire ce que j’aime à longueur de journée. Ça veut dire pouvoir gagner ma vie, tout en continuant à faire des vidéos et à faire rire des gens. Avec un local installé avec mon manager, pour profiter pleinement de mes créations que ce soit en stream, live twitch, ou mes vidéos tout simplement.”

Propos recueillis par Léonie Wersand.