Depuis #metoo et #balancetonporc, la parole des femmes s’est libérée sur les réseaux sociaux. Pour autant, montrer le corps des femmes au naturel, dans la publicité comme sur les photographies, reste largement taboue. Jusqu’à quand ?
Montée du féminisme, libération de la parole des femmes sur les réseaux sociaux, ces signaux laissent penser à une société débarrassée des commentaires et insultes misogynes. Pourtant, dès qu’il s’agit de montrer le corps des femmes dans toute sa réalité, plutôt qu’un corps idéalisé, le scandale n’est jamais loin. Prenons par exemple la publicité sortie en 2019 pour une grande marque de protection hygiénique, Nana. Une pétition avait été lancée pour exiger sa suppression. Son tort ? Des représentations jugées trop explicites de vulves.
Avec sa représentation d’un sang rouge et réaliste, plutôt que le traditionnel bleu qui n’a rien à voir avec la réalité, Nana s’était attirée les foudres des téléspectateurs. Sur les réseaux sociaux aussi, les menstruations féminines restent taboues. En 2015, Instagram avait pris l’initiative de supprimer à deux reprises une photographie d’une jeune fille couchée sur son lit, le bas de pyjama taché de sang. Un choix plutôt particulier puisque la photo ne portait en aucun cas atteinte à la politique de l’application (ni violence, ni nudité).
Décomplexer les femmes
Pourquoi une telle censure ? Selon le réseau social, la photo avait été supprimée par un employé au vu des nombreux signalements des utilisateurs pour son contenu « choquant ». Dommage, puisque cette image avait justement pour but de briser le tabou sur le sujet.
Mais les choses pourraient évoluer, car de nombreuses influenceuses prennent la décision de briser les codes, comme Shera Kerienski ou Marion Séclin. Deux youtubeuses féministes qui ont chacune, par le biais des réseaux sociaux, publié des images pour briser le tabou des règles. Ainsi, si Shera s’affiche fièrement en pantalon blanc maculé de sang, Marion, quant à elle, se fait photographier recouverte de tampons hygiéniques. Grâce à elles, les menstruations sont montrées sous un aspect créatif et artistique, de manière à décomplexer les femmes et leur apprendre que ce phénomène naturel n’a rien de si choquant.
Le naturel à l’honneur
Bien que les imperfections soient encore trop peu représentées dans les médias, certaines icônes du glamour se prêtent au jeu en montrant qu’elles se sentent belles et bien dans leurs corps. C’est le cas de la mannequin américaine Emily Ratajkowski qui a publié en 2019 une photo d’elle en lingerie, des poils bien visibles sous ses aisselles. Un détail qui n’ôte en rien sa beauté, mais qui en dit long sur son désir de s’affranchir des normes établies.
Avec la volonté de prouver que les femmes sont libres de choisir et de disposer de leur corps, elle nous transmet un beau message sur l’acceptation de la pilosité féminine. Plusieurs célébrités comme Madonna, Bella Thorne ou Paris Jackson avaient elles aussi aussi joué la carte du naturel en assumant pleinement leurs poils sur leurs publications Instagram.
Des marques qui jouent le jeu
Cette même année 2019, Nike avait intégré dans sa campagne de publicité un mannequin dévoilant sa pilosité. Un choix qui a fortement déplu aux internautes, criant au « manque d’hygiène » et exprimant publiquement leur dégoût. Des commentaires aussi injurieux que blessants, prouvent encore une fois que les femmes doivent être parfaites et retouchées pour correspondre à ce que l’on attend d’elles sur les réseaux sociaux.
On ne peut que saluer l’initiative audacieuse de Nike. Si une marque comme celle-ci prend le risque de présenter des femmes dans toute leur normalité, on peut espérer que d’autres enseignes s’en inspirent. Et si c’était bientôt la fin des images trop parfaites qui ont jalonné l’histoire de la publicité ?
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