Les influenceurs, grands gagnants de la crise sanitaire ? (2/2)
Entre une digitalisation toujours plus importante de la communication des entreprises et une explosion de la consommation des réseaux sociaux, les influenceurs et leurs agences ont tiré profit de la crise sanitaire à bien des égards. Une tendance durable ? La suite de notre enquête.
Santé et bien-être
Côté contenu, certaines thématiques ont pris de l’ampleur, quand d’autres ont perdu leur intérêt. Ainsi, parler mode ou make-up n’était plus vraiment d’actualité. En revanche, les publications liées au bien être ou à la santé ont particulièrement tiré leur épingle du jeu, car elles collaient avec les attentes des publics. « Leur taux de conversion était plus élevé que la moyenne » nous explique Armand Loiodice de Montis. « Les influenceurs experts sur le sujet comme certains talents de chez Beyond média pouvaient adopter une parole encore plus crédible sur thème. »
Les stories, sondages, live, IGTV et vidéos ont été largement utilisées par les influenceurs car la demande y était massive en retour. La communauté voulait regarder un contenu divertissant loin des préoccupations plus terre à terre liées au contexte sanitaire.
La montée des tutoriels
D’après un sondage Harris interactive, pour « 69 % des Français les réseaux sociaux ont été utiles pour découvrir de nouvelles activités de loisirs (tutos de cuisine, de bricolage, de fabrication de masques…) ». C’est en effet vers ce type de proposition que les influenceurs se sont tournés pour enrichir leur contenu.
« Sissy Mua par exemple, s’est challengé sans relâche, a répondu à un besoin criant des Français qui tournaient en rond chez eux, nous raconte Carine Fernandez de PO Agency. Tous les jours pendant des semaines, elle a relevé le défi d’animer un cours de sport en direct. Réunissant jusqu’à 90 000 personnes simultanément, l’équivalent du stade de France… Cette communauté agrandie, renforcée, reste aujourd’hui très fortement attachée à Sissy ».
Outre les challenges, idées créatives ou culinaires, les contenus d’évasion et d’enrichissement personnels ont eu la cote pendant ce premier confinement. @tinka a décidé de créer #lesappartésdetinka ou elle met en avant un artiste, un créateur de contenu ou une personne inspirante. L’occasion de s’évader le temps d’un instant.
Chez les influenceurs, la création et la publication régulière de contenu était une évidence. C’était un moyen pour eux de s’occuper et ne pas tomber dans une spirale négative. Cependant, la pression induite par l’obligation de créer du contenu mêlé à la situation exceptionnelle de confinement a engendré des phases de doute qui ont été ressenties chez PO Agency : « Ceux qui étaient seuls chez eux ont eu beaucoup de fluctuations d’humeurs, nous confie Carine Fernandez. Un mélange de craintes, de doutes, de fatigue, de lassitude ».
EnjoyPhoenix l’a dit avec justesse dans un vlog en mars : « J’essaie de vous produire du contenu pour ne pas vous laisser tomber mais d’un autre côté, je me rends bien compte, j’ai l’impression de ramer dans le vide. Ce n’est pas facile de vlogguer quand je n’ai rien à vous montrer et j’ai l’impression de vous arnaquer en faisant ça ».
Quel avenir pour l’influence ?
La crise du Covid a finalement permis aux agences de recruter de nouveaux influenceurs, comme PO Agency sur Tiktok : « C’est dans cette phase que nous avons lancé notre pôle Tiktok à l’agence, consistant à recruter quelques talents phares de la plateforme : Noholito, Maliciadorable, Esther. »
Les micro-influenceurs ont également tiré leur épingle du jeu en profitant d’une visibilité accrue sur les réseaux offerte par l’hyper connectivité de leur communauté. C’est pour cela que 93 % des micros-influences déclarent constater plus d’engagement et visibilité d’après l’étude du Bureau de la com.
Quant au métier d’influenceur, il n’a pas changé. Armand et Carine s’entendent sur ce fait. Il s’est encore plus démocratisé et a su conquérir le cœur des Français. Cela a également permis aux entreprises de mieux cerner l’enjeu du digital et d’entrevoir des collaborations futures. « L’influence a encore de beaux jours devant elle et les entreprises vont continuer à investir dans ce secteur », prédit Carine Fernandez.
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