Cette nouvelle puissance n’est évidemment pas passée inaperçue. Les médias traditionnels ont directement saisi l’occasion et ouvert des pages sur le réseau social chinois afin d’acquérir un public plus important. Sauf que le public de TikTok n’a pas grand chose à voir avec le lectorat d’un journal papier! L’exemple typique est celui du quotidien Le Monde. Certifié dès la mise en ligne de sa page, il a essuyé des commentaires très rudes sous ses premières publications. Les usagers ne comprenaient pourquoi la page bénéficiait d’un tel label alors que le journal leur était inconnu…
Ce réseau social, certes puissant, reste un OVNI à l’heure actuelle : personne ne comprend vraiment le fonctionnement de l’algorithme de TikTok. Résultat : les médias tâtonnent pour y trouver leur ligne éditoriale. Par exemple, Le Monde a choisi de faire un contenu adapté et exclusif, là où Le Figaro a pris le parti de l’économie en recyclant des contenus présents sur d’autres plateformes. Le Monde définit sa ligne éditoriale de la sorte : un « contenu original, cinq publications par semaine, de la vérification, pour combattre la désinformation, de l’explication et du contexte pour comprendre les sujets importants ».
La présence massive de jeunes permet de viser une audience nouvelle qui ne fréquente pas les kiosques et ne juge pas nécessairement un média à la qualité de son écriture. Ce nouveau public est également impatient et adepte du scroll incessant. De fait, les médias doivent s’adapter : c’est ce que fait Brut en proposant en permanence des sous-titres sur ses vidéos et en multipliant les propositions avec des personnalités d’horizons variés (Franck Gastambide, Didier Drogba, Christiane Taubira). Ou France Info, en misant sur des vidéos incarnées, sous-titrées, et montées avec beaucoup de dynamisme.