Harcèlement numérique des « streameuses », la face cachée de Twitch
Twitch, la plateforme de streaming en vogue, n’échappe pas aux comportements toxiques de certains utilisateurs, notamment vis-à-vis des jeunes femmes. L’une d’elles a accepté de témoigner sous couvert d’anonymat.
Lancée en juin 2011 par les Américains Justin Kat et Emmett Shear, la plateforme de streaming, initialement prévue pour du contenu lié aux jeux-vidéo, accueille aujourd’hui tous les types de formats et de streamers (bien qu’il y ait encore une forte majorité masculine). Malheureusement, comme sur tous les autres réseaux, les déviances des internautes sont fréquentes et visent majoritairement les femmes. Certains diront que ce ne sont que des messages, mais cette toxicité peut être si systématique et omniprésente qu’elle peut rendre la vie de ces streameuses bien compliquée.
L’une d’elle a accepté de témoigner anonymement pour cet article, et ce qu’elle m’a raconté fait froid dans le dos. Elle confie « avoir subi pendant plusieurs mois des remarques et insultes polluant son chat durant ses lives ». Cependant, cela ne s’est pas arrêté aux frontières d’internet. En effet, elle dit également que « certaines de ces personnes ont réussi à obtenir (ses) données personnelles et à (la) contacter (mail, coups de fils…) avec toujours ces messages allant de la simple insulte à des propositions de prostitution ».
Des sanctions inappliquées
Quand je lui demande ce que la justice peut faire pour mettre fin à ces pratiques, elle m’explique que des sanctions sont prévues pour punir ce type de comportements, mais que si ces derniers se cloisonnent à Internet, ces mesures ne sont pas appliquées. Si c’était le cas, estime-t-elle, « ces déviances numériques n’existeraient pas ou ne seraient pas si fréquentes. »
Malheureusement, ces individus se sentent pousser des ailes lorsqu’ils sont derrière leurs écrans. Ces comportements peuvent même aller plus loin encore. La streameuse Maghla avait livré un témoignage glaçant sur Twitter et sur sa chaîne dénonçant ce harcèlement numérique qui empiétait sur sa vie de tous les jours. Elle racontait que lorsqu’elle se rendait par exemple à la salle de sport, des hommes outrepassaient son consentement afin de venir la toucher et la draguer. Ce à quoi une vague de messages de haine lui a été renvoyée par des internautes l’accusant « de mentir », « d’être fragile » et j’en passe…
Des mesures insuffisantes
Afin de contrer ce phénomène toxique qui pollue la plateforme, le seul moyen mis à disposition par Twitch est la possibilité de bannir ces comptes qui se permettent de vous insulter ou de faire des remarques déplacées. Cependant, les individus derrières ces profils n’ont alors qu’à recréer un compte afin d’avoir de nouveau accès à votre live. C’est précisément là que se situe la limite de Twitch.
Le harcèlement sexuel faisant de plus en plus débat sur ce média, la direction de Twitch a tout de même pris des décisions telles qu’interdire l’utilisation des mots « pute » et « vierge » sur les chats, ce qui semble tout de même bien minime vis-à-vis des problèmes présents sur le site, et plus largement sur les réseaux sociaux en général.
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