
Santé Mentale : la fin d’un tabou dans les médias ?
Longtemps taboue, la santé mentale suscite désormais un intérêt croissant de la part des médias. Une première étape vers la dé-stigmatisation de ces troubles dans d’autres sphères, telles que la famille ou le travail ?
Addictions, agressions sexuelles, dépression… Ces dernières années, de plus en plus de célébrités comme Selena Gomez, Paul Mirabel, Louane ou encore Stromae tirent la sonnette d’alarme sur la santé mentale.
Jusqu’alors marquée par des représentations erronées, des peurs diverses ou tout simplement le déni, cette thématique a été propulsée sous les projecteurs médiatiques pendant la pandémie de Covid-19. Selon Google Trend , les requêtes Internet sur le terme « santé mentale » ont plus que doublé entre 2020 et 2024, montrant un réel tournant dans l’attention accordée à ce sujet.
L’explosion des discussions autour de la santé mentale
Depuis plus de quatre ans, les adolescents et les jeunes adultes, en particulier les jeunes femmes, sont les premiers à faire face à l’anxiété et à la dépression. Selon les résultats de l’enquête nationale EnCLASS, publiée le 9 avril 2024, 14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque important de dépression. Parler de ces problèmes psychiques est désormais plus naturel et facile qu’il y a quelques années, notamment sur les réseaux sociaux.
Dans The Conversation, le psychiatre et médecin Antoine Pelissolo salue le courage des sportifs et des célébrités face à la déstigmatisation médiatique des troubles mentaux. C’est le cas de Selena Gomez, qui en 2020 n’a pas hésité à prendre la parole sur les réseaux sociaux pour parler de son trouble bipolaire et de son lupus.
Des personnalités françaises se lancent
Ouvrant la voie aux jeunes générations et à d’autres personnalités, plusieurs figures en France ont brisé le silence. Parmi elles, l’humoriste Paul Mirabel et la chanteuse Louane ont pris la parole en novembre 2024 lors d’une interview pour Le Nouvel Observateur. Ils ont assumé publiquement leur recours à un suivi psychologique, soulignant que leur santé mentale est tout aussi cruciale que leur santé physique. De son côté, le chanteur belge Stromae avait annoncé en mai 2023 l’arrêt de sa tournée européenne, expliquant : « Je dois me résigner au fait que ma santé (mentale) ne me permet malheureusement pas de continuer à venir à votre rencontre pour l’instant. ».
Lors d’une interview marquante dans le JT de 20H de TF1, le 9 janvier 2022, Stromae avait également partagé son expérience sur la maladie mentale et le suicide, mettant en lumière l’impact de sa propre souffrance sur son travail et sa vie personnelle. Cet entretien, mené par la journaliste Anne-Claire Coudray, a permis de normaliser une conversation souvent difficile.

Les dangers de la surexposition médiatique
Reste que la médiatisation intense de la santé mentale peut engendrer des dérives, créant un effet de mode qui banalise certaines expressions. L’utilisation à la légère de termes comme « Ce n’est pas bon pour ma santé mentale » ou « Ma santé mentale m’empêche de faire telle chose » peut en effet perdre de son sens.
Par exemple, certaines entreprises ou individus pourraient utiliser ces termes comme prétexte pour justifier un manque d’effort ou d’engagement, ce qui dévalorise les véritables souffrances psychologiques.
Cette médiatisation de la santé mentale ne doit toutefois pas occulter l’essentiel : la reconnaissance, la prévention et la lutte contre les pathologies psychiques avérées. La santé mentale est désormais érigée en « grande cause nationale » pour l’année 2025 par le gouvernement français.
Parmi les axes prioritaires figurent la dé-stigmatisation, le développement de la prévention et du repérage précoce des troubles, ainsi que l’amélioration de l’accès aux soins, notamment dans les zones rurales ou moins bien desservies.