Journalisme et Médias

Transition climatique : les médias doivent passer à la vitesse supérieure

53 % des Français considèrent que le sujet de la crise climatique est trop souvent secondaire ou mal traité par les médias, selon Reporters d’Espoir. Pourtant, c’est aujourd’hui que nous pouvons agir. Et si les journalistes proposaient davantage de solutions concrètes à leurs lecteurs ? 

Les médias passent au vert, mais c’est encore un peu pâle. D’après l’étude Médias Climat de l’association Reporters d’espoir, les principales chaînes télévisées (TF1 et France 2) ont augmenté leur intérêt pour cette thématique, passant de 5 % en 2010 pour les deux chaînes à 17,3 % de sujets climatiques en 2020 pour TF1 et 12,4 % pour France 2. Les chaînes d’information en continu font figure de moins bons élèves, avec à peine 2 % de sujets en lien avec le climat. Quant à la radio, ce taux n’atteint même pas 1,5 %.

La presse écrite a quant à elle a vu cette part passer à 5 % en 2019 pour les journaux les plus investis (La Tribune, l’Opinion). Finalement, les plus enclins à parler du climat ne sont autres que les journalistes de presse quotidienne, avec pléthore d’articles diffusés, aussi bien sur le web que sur le « print » (Audrey Garric et Rémy Barroux, journalistes planète pour Le Monde ou encore Joël Cossardeaux, journaliste environnement pour Les Echos).

Pas assez de solutions

Au-delà des statistiques, que révèle cette étude de Reporters d’Espoir ? Malheureusement, l’association dresse le constat d’un manque de fond important sur ces questions. D’après elle, très peu de médias évoquent la question climatique de manière « constructive », c’est-à-dire en abordant une initiative concrète ou une tentative de réponse au problème identifié.

En revanche, Reporters d’espoir constate que les grands événements médiatiques sont généralement bien médiatisés (rapports sur les accords de Paris, discours de Greta Thunberg, marches mondiales, grèves pour le climat…). Mais tout cela manque de solutions concrètes…

Changer les comportements

Car il ne suffit plus de sensibiliser au changement climatique, mais d’inciter les individus à changer de comportement. D’après Isabelle Autissier, présidente du groupe WWF France, interrogée par Reporters d’Espoir, il faut aussi “donner la parole à ceux qui proposent des solutions !”. Derrière Greta Thunberg, se cachent beaucoup de personnes qui pourraient davantage être mises en lumière. “On a besoin de renforcer notre résilience” énonce Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et membre du GIEC auprès de Reporters d’Espoir. De fait, il existe beaucoup de solutions qui émergent ! Mais malheureusement, en silence. Parlons des possibilités d’agir !

Valérie Masson-Delmotte propose aussi de “fournir de l’information factuelle, concrète”. C’est à dire des articles qui expliquent comment faire pour “cuisiner en réduisant [son] impact.” Construire sa maison en pensant au confort thermique en été, gérer son eau de manière adaptée ? En clair, il faut donner les armes aux lecteurs pour se battre.

Enfin, Cédric Ringenbach, fondateur de la Fresque du climat, a insisté lors l’édition 2020 de Médias en Seine sur la nécessité de s’adresser aux jeunes avec leurs codes sur ces sujets, en utilisant au maximum leur prisme de communication que sont les réseaux sociaux.

Ne pas oublier l’essentiel

Malgré le « blast » de la Covid qui s’éternise, les enjeux climatiques devraient rester une priorité. Les médias doivent continuer d’avoir un œil large et impartial sur ces sujets. On ne peut pas dissocier la crise climatique des questions sociales et systémiques qui y sont associées. C’est pour faire comprendre toute cette complexité que les médias ont un rôle à jouer, tout en donnant des clés très concrètes pour permettre à chacun d’agir.