Persona « parfait » sur les réseaux sociaux : stop ou encore ?
De la perfection physique, en passant pas nos assiettes et jusqu’à notre répartition du sommeil et du travail, les tenants d’un mouvement en faveur du « bien être » font fureur sur les réseaux sociaux. Pour notre bien ?
Un certain angle, une retouche discrète, une coordination de couleurs dans les photos ; nous avons (tous) vu « That Girl » envahir nos feeds sur Instagram et TikTok. Aspirant à un mode de vie parfait, composé de journées démarrant aux aurores, nourries de matchas ou autre « green juices », elle rédige une « to do list » avant de s’adonner à une séance de Pilates au cours de laquelle, bien évidemment, pas une goutte de sueur ne sera perçue à la caméra. Ces jeunes adultes, parfois encore étudiantes, prônent avec le sourire le culte de la productivité, de la perfection, de la santé et font croire à l’impossible équilibre entre bien être et travail.
Nés entre les premiers ordinateurs et téléphones portables, nous avons connu l’essor de Snapchat, Instagram, ou encore TikTok et avons pleinement conscience des limites des réseaux sociaux. Nous savons comment nous exposer sous notre meilleur jour, marquant un fossé entre le « vrai » nous et l’image que nous nous créons.
Perfection vs morosité
Mais cette fois-ci, cet effet de mode va au-delà d’une simple photo retouchée ou du feed Instagram harmonieux, affichant des sourires éclatants. Désormais, on nous conseille et nous motive sur quoi manger, boire, quels exercices physiques réaliser, à quelle heure se lever, quelles marques consommer. Ces mi-influenceurs mi-coach de vie réussissent à faire pâlir d’envie n’importe quel internaute n’ayant pas dégusté un avocado-toast avant d’ouvrir ses emails depuis son bureau, en haut d’un immeuble de haut standing.
L’effet de mode a ainsi envahi toutes les sphères de notre vie, nous faisant aspirer à un environnement parfait, de l’organisation de nos tiroirs, à notre coiffure, mettant en scène une productivité hors normes, rendant alors morose la manière dont nous vivons au quotidien. Certaines personnes iront jusqu’à s’épuiser pour suivre à la lettre l’emploi du temps de ces spécialistes de l’organisation.
@wayhomestudio
« That Girl » envahit nos feeds sur Instagram et TikTok.
Victoire Cheny
Une envie d’authenticité
Sauf que notre génération, tombée toute petite dans la marmite des réseaux sociaux, n’est pas dupe. Aussi louable que la cause de ces « that girls » puisse paraître, je reste sur la réserve quant à la bienveillance que ce genre de contenu désire transmettre. Ne serait-ce juste pas un moyen pour ces micro-influenceuses de se rassurer sur leur propre routine que de nous la partager ? Pourquoi ne pas vouloir nous présenter un contenu bien plus transparent avec des plans mettant en avant un lit défait, une vaisselle n’ayant pas été encore lavée ou une chemise froissée ?
Devant cette déferlante d’injonctions à la perfection, un autre courant émerge, celui de l’authenticité. Notre génération se montre plus sensible aux contenus plus subtils, que certains appellent « casual posts ». C’est aussi pour cela qu’un réseau social comme BeReal fonctionne : on y poste des moments de sa journée, sans filtres ni artifices. Cependant, gare aux adeptes du BeLate, consistant à poster sa photo en retard, au moment où l’on fait quelque chose d’intéressant. A bon entendeur…