Journalisme et Médias

Le rôle crucial des médias face à l’urgence climatique

Le rôle crucial des médias face à l’urgence climatique ​

Les sujets environnementaux ont longtemps été délaissés par les médias traditionnels. Mais avec l’urgence climatique, un virage s’opère dans les rédactions, de plus en plus conscientes de leur rôle de sensibilisation de la population.

“Chaud devant”. Signe que les temps ont changé, le traitement médiatique de l’urgence climatique était au coeur de la 14ème édition des Assises internationales du journalisme de Tours. Organisées entre septembre et octobre 2021, elles mettaient les journalistes face à leurs responsabilités dans leurs façons d’aborder le changement climatique. L’AFP vient
d’ailleurs d’annoncer la réorganisation de ses rédactions. Le tout nouveau pôle Planète réunit une vingtaine de journalistes en texte et en images, spécialistes du climat et de l’environnement, de l’énergie, de l’industrie, des transports et de l’agriculture. Objectif annoncé : “couvrir ces sujets au plus près du terrain, proposer des dossiers réguliers et revoir la façon de couvrir l’économie”.

Selon plusieurs sondages réalisés auprès des Français, cette question est traitée de façon anxiogène, peu constructive et non pédagogique par les médias. En effet, ils jugent l’approche des journalistes à 35% anxiogène mais seulement 15% pédagogique et 10% constructif et porteur de solution selon le sixième baromètre Viavoice des Assises du journalisme.

 

 

Vert, “un média qui annonce la couleur”

Mais pourquoi les médias traitent-ils un sujet aussi central de cette manière ? Et comment faire pour que l’urgence climatique soit abordée de manière concrète, pédagogique et porteuse de solutions ? C’est toute l’ambition du média Vert, fondé par Loup Espargilière. Le but de leur ligne éditoriale est d’aborder de façon pédagogique l’actualité écologique en détaillant chaque concept comme le CO2 par exemple mais aussi par le biais de la réalisation
d’infographies. Il informe les citoyens de manière accessible pour qu’ils puissent comprendre et se mettre en action. Vert montre ce qu’il est possible de faire.

Selon Loup Espargilière, la légèreté du traitement des sujets environnementaux ces dernières années tiendrait à un paysage médiatique “en recomposition”. Comme nous le savons, la presse papier constitue seulement 32% des lectures contre 68% en format numérique, selon une étude relayée par Europe 1. Confrontée à une baisse chronique de ses
ventes, la presse écrite manque d’argent et peine à investir dans une rubrique “environnement” à part entière.

Formation des journalistes

Mais l’argent n’est pas la seule cause. Selon le fondateur de Vert, il n’y a pas suffisamment de journalistes spécialisé.es dans la thématique “environnement”. Il est donc compliqué pour eux/elles de traiter ce sujet de manière concrète, pédagogique et porteuse de solutions, sans avoir les connaissances nécessaires et tout en ayant un ensemble de sujets
d’actualité à traiter en plus à côté.

Les feux en Amazonie, les inondations en Allemagne, les incendies de brousse en Australie, la saison record des ouragans en Atlantique,… ces nombreuses catastrophes naturelles ont été abordées par les médias, sans forcément les relier au changement climatique. “On devrait dire que telle catastrophe, tel événement naturel est la conséquence de ça”, précise
Loup Espargilière. Rendre ce lien visible avec l’urgence climatique serait déjà un premier pas pour les journalistes.

 

Influencer les comportements

Le réchauffement planétaire devrait être placé au premier plan dans les médias car il dépend de nos actions et a une incidence irréversible sur notre survie. L’influence des médias sur la société est considérable. Ce pouvoir salvateur pourrait être utilisé pour informer sur ce qui se passe concrètement sur notre planète, expliquer de façon pédagogique la nature des événements qui ont lieu, pourquoi ils se produisent et enfin offrir, apporter des solutions réalisables à l’échelle de chacun·e.

La 14ème édition des Assises internationales du journalisme a pointé du doigt des problèmes nécessaires à régler pour que la vision des Français change face à l’urgence climatique. Elle a mis en évidence l’importance des médias dans cette cause planétaire et a montré à quel point le traitement médiatique peut influencer les comportements. La réorganisation toute récente de L’AFP montre que cette prise de conscience est en marche.