Journalisme et Médias Réseaux Sociaux

Pourquoi l’animal devient un sujet médiatique ?

Pourquoi l’animal devient un sujet médiatique ?

La façon dont les animaux sont représentés par les médias est en train d’évoluer. Sous l’effet des réseaux sociaux et des associations militantes, leur présence gagne du terrain.

« Les premiers jours de la vie d’une tortue », « le panda ce héros », « l’intelligence des dauphins »… Les animaux ont toujours été très présents dans les médias, notamment dans les sujets scientifiques pour adultes ou enfants. Cependant, depuis quelques années, il semble y avoir un changement d’angle dans le traitement médiatique des animaux, notamment avec le regain d’intérêt pour le bien-être et la cause animale. Depuis le milieu des années 2000, cette thématique ne cesse d’être utilisée à des fins politiques ou juridiques en plus d’être relayée par les médias traditionnels et sociaux. Nicolas Biscaye, directeur d’Ethics For Animals confirme que la question lui parait “beaucoup plus importante qu’il y a 10 ans”.

Apparition des médias engagés et des réseaux sociaux 

Loin des articles descriptifs d’espèces de National Geographic, certains acteurs engagés sont montés en puissance. Citons par exemple L214, une association engagée de défense des animaux, et son reportage vidéo alertant en 2014 le grand public sur les pratiques menées dans les abattoirs, qui n’étaient alors pas relayées par les médias de masse. L’association s’inscrit aujourd’hui comme « référente » dans le domaine alors qu’il s’agit d’un acteur à l’avis très tranché. 

D’autres associations moins militantes voient leur visibilité grandir : l’organisation pour la santé animale (OIE) a par exemple été plus sollicitée par plusieurs médias autour de la thématique du « contrôle de la mise à mort d’animaux à des fins de contrôle sanitaire ». C’est également le cas de Ethics for Animals, pour qui le public apparaît comme plus curieux des thématiques de la maltraitance et de la protection animale ainsi que l’abandon, d’où une augmentation des sollicitations. Pour Nicolas Biscaye, “les réseaux sociaux jouent un rôle de lanceurs d’alertes car ils permettent à tout le monde de dénoncer les actes de maltraitance infligés aux animaux et de ce fait augmentent la visibilité de sujets autrefois “silencieux”.” 

Entre consommation et information

Dans la société actuelle, il y a un changement important du mode de consommation lié à la prise de conscience du traitement des animaux dans les élevages. Ces réflexions sont stimulées par la couverture médiatique des exploitations. La transparence du traitement réservé aux animaux fermiers est une réponse nécessaire aux scandales issus de certains reportages. Les emballages des produits mettent de plus en plus en avant ces mesures avec la conquête des certifications « vegan » ou encore « cruelty free ».

Leopoldo Stuardo, expert sur le bien-être animal pour l’OIE souligne d’ailleurs que les consommateurs sont de plus en plus curieux de l’origine des produits et des différentes étapes de la chaîne de production dans l’industrie agro-alimentaire. Les attentes sociétales dans les thématiques de l’environnement et de l’alimentation influencent la tendance médiatique. Le directeur d’Ethics for Animals admet que les médias ont un discours plus bienveillant à l’égard de cette thématique même si toutefois certains sujets restent très peu abordés (tout le secteur de la protection animale en dehors de la protection des animaux de compagnie “classiques”). Seules les grandes associations sont représentées dans les médias (30 millions d’amis) alors qu’elles représentent moins de 60 refuges sur les 775 qui existent en France. Sans compter les 3200 associations sans refuges qui tentent également de faire porter leur voix. 

Évolution future du traitement médiatique 

Avec l’ascension fulgurante des réseaux sociaux, la couverture médiatique du bien-être animal est plus que jamais en mouvement. L’un des membres fondateurs du collectif ESPOAr (Projet fondé par l’Observatoire Economique et social de la protection animale rassemblant les acteurs du secteur pour lutter contre l’abandon et la maltraitance animale) indique que les Français sont de plus en plus soucieux de ce sujet. De ce fait, des associations Ethics for Animals se mettent en quête de données ainsi que de systèmes et méthodes pour en vérifier la véracité. Le porte-parole de l’OIE rejoint l’idée que le bien-être animal est un sujet complexe pluridisciplinaire (sciences, éthique, économie, culture, social, théologique et politique) qui est source d’intérêt croissant au niveau des sociétés civiles, avec pour chacune d’entre-elles une perception différente du bien-être animal ou encore de la façon dont les animaux contribuent aux fonctionnements des communautés. Pour Leopoldo Stuardo, cette prise de conscience croissante dans les pays du monde pourrait aboutir à une renégociation des accord commerciaux portant sur les animaux et les produits d’origine animale.