Le vêtement, vecteur de communication… de l’Antiquité !
Le vêtement, vecteur de communication depuis... l'Antiquité !
« Tax the rich » en lettres rouges sur une robe blanche. Cette tenue de l’élue américaine Alexandria Ocasio-Cortez avait fait grand bruit. Le vêtement serait-il une nouvelle arme de communication ? Il l’a toujours été, nous répond une spécialiste de l’Antiquité.
Le 14 novembre 2021, Alexandria Ocasio-Cortez avait attiré l’attention lors du MET Gala de New York avec sa robe blanche barrée des lettres rouges « Taxez les riches ». Cette tenue, comme beaucoup d’autres de cet évènement caritatif très médiatisé, avait fait polémique. Le vêtement serait-il une nouvelle arme de communication massive ? « C’est un usage qui existe depuis fort longtemps », commente Florence Gherchanoc, professeure d’histoire grecque à l’université de Paris (Paris-Diderot)*.
Pour cette spécialiste de l’anthropologie du corps et des vêtements dans l’Antiquité, ce phénomène n’a rien de nouveau. C’était déjà le cas de Démétrios Poliorcète, devenu roi d’Asie au tout début du IIIe siècle avant notre ère, qualifié par le philosophe Plutarque de « Roi de théâtre » en raison de sa manière de s’habiller. « On a une manifestation de la puissance qu’il incarne par le biais de ses vêtements », décrit la chercheuse. Avec sa parure, Démétrios met en scène son corps pour créer aussi bien l’attrait que la répulsion. « Cela relève d’une forme de pouvoir tyrannique, où quelqu’un se singularise tellement qu’il montre par ce biais ce ‘surplus’ de pouvoir », nous explique-t-elle.
L’impact des réseaux sociaux
La chercheuse est claire : le choix du vêtement n’a rien d’anodin. « Parce que c’est la première chose qu’on voit chez un individu : avant même qu’il parle, on voit son visage et son vêtement. Et quand je dis le vêtement, c’est au sens large : c’est tout aussi bien la coiffure que le maquillage, ce qui peint le corps. C’est le premier médium entre soi et les autres ». Le vêtement relève donc d’une norme, qui, lorsqu’elle est détournée, apparaît comme une « transgression, qui sert d’arme de communication ». Cette transgression est toujours chargée d’enjeux, politiques ou non.
Selon l’historienne, les réseaux sociaux en accentuent la portée, en ce sens où quelque chose qui n’aurait pas eu d’effet particulier se retrouve d’un coup fixé par l’image et sa circulation. « La grande différence avec l’Antiquité c’est qu’actuellement on est une société de l’image, avec les films, les interviews… On a des archives, on peut les consulter. Ce qui laisse davantage de place à l’analyse ».
Selon l’historienne, les réseaux sociaux en accentuent la portée, en ce sens où quelque chose qui n’aurait pas eu d’effet particulier se retrouve d’un coup fixé par l’image et sa circulation. « La grande différence avec l’Antiquité c’est qu’actuellement on est une société de l’image, avec les films, les interviews… On a des archives, on peut les consulter. Ce qui laisse davantage de place à l’analyse ».
* Florence Gherchanoc : dir., Corps en morceaux. Démembrer et recomposer les corps dans l’Antiquité classique, PUR, Rennes, 2020, 173p., avec S. Wyler.